Archives mensuelles : août 2012

Mobilou pour ou contre le nucléaire

De l’uranium dans la mer

Il y a un an apparaissait dans les journaux, les abris-bus, en grandes affiches, une invitation à se faire une opinion sur le nucléaire : rendez-vous sur le “forum nucléaire” , ce Prévisualiser les modificationsque je n’ai pas manqué de faire.

Je ne me mouille pas (encore)

Bien vite, et personne n’a été dupe, je compris que ce “forum” n’avait rien de neutre, c’était plutôt un moyen de propagande, dans le plus pur style que j’exposais dans l’industrie du mensonge.

Rappelons qu’un “forum”, au sens moderne du terme, est un lieu de discussion, d’échanges d’idées, encourageant la contre-expertise. Sur le site susmentionné, rien de tel : plutôt un dialogue à sens unique, sous la forme de dossiers thématiques, dont le discours en faveur du nucléaire ne fait aucun doute.

Mais fait, suis-je pour ou contre le nucléaire ? Eh bien… plutôt contre. C’est que j’aimerais voir l’argent investi dans les énergies renouvelables plutôt que dans la poursuite du nucléaire. Mais est-ce réaliste, dans l’état actuel des choses ? Les informations sont tellement contradictoires dans ce domaine que j’ai difficile à me faire une opinion tranchée. Je reviendrai sur ce sujet plus tard, avec plus de connaissances. Revenons à notre forum…

Mobilou pour ou contre le nucléaire
Le lobby du nucléaire sur mon bureau

Une question qui dérange

Nous sommes en mars 2012, et je le parcours dans le but de le prendre en défaut. Car le seul dialogue qui nous est proposé est de poser une question : je cherche donc de quoi en motiver une qui dérange…

Et je la trouve, ma motivation, dans la rubrique Énergie, à propos de l’uranium. On nous y explique que “Les ressources minières d’uranium identifiées dans le monde permettent de couvrir 85 années de production d’électricité au rythme actuel.” Ce qui est honnête, puisqu’il est couramment admis que l’on aurait pour un siècle d’uranium-235. Ensuite les infos sont, comment dire, plus douteuses (ou d’un optimisme flagrant) puisqu’on aurait pour 270 années en réserves exploitables “estimées”, voire 675 années en exploitant l’uranium dans les phosphates suivant une “technique connue et maîtrisée” (675 années et non 7 siècles : ne mettons pas en doute ce calcul précis !). Et pour finir en beauté : “L’uranium peut aujourd’hui être extrait de l’eau de mer.”

Et c’est là que je dis stop, je lève la main, j’ai une question !

Car je viens de lire “Mal de Terre” de Hubert Reeves. Et que dit cet homme de science dont la réputation n’est plus à faire ? En page 75 :  dans la mer, c’est 3 grammes d’uranium pour 1000 tonnes d’eau. Et donc, “Pour contribuer de manière significative à la demande mondiale, il faudrait en récupérer des centaines de milliers de tonnes en traitant, chaque seconde, une quantité d’eau équivalente à trois mille fois le débit du Rhône.

Allez hop, je me frotte les mains, échauffe mes dix doigts, et tape ma question qui dérange : “Dans la section Énergie blablabla… eau de mer blablabla… alors que des scientifiques comme Hubert Reeves blablabla… plus d’explications ?… des expériences concrètes ?” . Mais la page web refuse d’envoyer la question : j’ai dépassé les quelques dizaines de mots autorisés ! Non, décidément, je ne suis pas dans un forum ! Je revois donc ma prose et la réduit à une taille… atomique ! “L’uranium peut aujourd’hui être extrait de l’eau de mer. Peu de scientifiques y croient ! Pourriez-vous développer ?” C’est tout, click sur “Envoyer”, et c’est parti : déjà j’imagine de l’autre côté un professeur en blouse blanche regardant ma question avec ses grosses lunettes…

La faute à Greenpeace

Dans les jours qui suivent, je ne vois pas de réponse. En fait, je ne suis même pas sûr que ma question soit partie là où il faut (depuis lors le site a changé et c’est beaucoup plus clair). Puis les semaines, puis les mois passent, sans réponse.

Il faut dire qu’entre-temps, l’anniversaire de Fukushima arrive, et Greenpeace lance sa campagne invitant les sympathisants à poser la question “Comment le forum nucléaire fêtera-t-il l’anniversaire de Fukushima ?” . Ce qui a pour conséquence, disons, un passage à vide du forum…

Et puis surprise, alors que je commence cet article pour dire que le forum ne répond pas à ma question, eh bien si, ils y ont répondu !

La question d'ExtraPaul dans le Forum Nucléaire
La réponse à la question d’ExtraPaul (cliquez dessus pour la voir sur le site)

Je ne mérite qu’un copier-coller

Je lis la réponse mais ne suis pas satisfait. Même déçu, car je découvre en googlelant que cette réponse contient partiellement un texte du site Alternatives (Parler autrement de l’énergie), site mis en place par… Areva ! En plus, ce texte date de 2007. Mon professeur à grosses lunettes s’est donc contenté de faire un copier-coller d’un vieux texte !

Et puis il y a cette explication sur l’extraction dans la mer, qui ne deviendra rentable que quand le coût de l’énergie augmentera : voilà comment bien… “noyer le poisson” ! Développons…

Le gouffre énergétique

L’uranium a ceci de particulier : c’est un minerai qui ne sert… qu’à l’énergie, et rien d’autre. Dès lors “les gisements d’uranium ne sont des ressources en énergie que si leur exploitation permet de produire plus d’énergie qu’elle n’en consomme” (à lire sur “De l’uranium jusqu’à quand ? Lorsque nous tomberons dans le gouffre énergétique” ). Plus un élément est pauvre en uranium, plus on dépense de l’énergie pour l’extraire : “l’énergie nette chute de plus en plus rapidement dans un gouffre énergétique”.

Entre 0,01 % et 0,02 %, actuellement, l’énergie nette est nulle : on est au fond du gouffre. Et quel est le taux de concentration dans l’océan ? 0,0000003 % !

Alors, quand les experts nous disent qu’il y a 4.500 millions de tonnes d’uranium sur notre planète, je répondrai par un chiffre encore plus fou : la Terre reçoit en permanence une énergie solaire équivalente à cent millions de réacteurs nucléaires (“Mal de Terre”, page 90). N’est-ce pas mieux que ces misérables atomes d’uranium dans la mer ?

Le Forum Nucléaire, c'est du lobbying de l'industrie nucléaire

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ExtraPaul lit l'enfermement planétaire

L’enfermement planétaire

Bon, je ne vois toujours pas la construction d’un grand vaisseau qui nous ferra quitter cette planète (on a juste une sonde arrivée sur Mars) : il va falloir continuer sur cette terre. Mais sommes-nous capable de gérer notre avenir ?

Le ciel va nous tomber sur la tête

André Lebeau prend de la hauteur par rapport au genre humain (étant scientifique dans le domaine spatial et météorologique, quoi de plus normal ?), et analyse son comportement par rapport aux défis qui l’attendent.

Lebeau se positionne clairement à l’opposé des géographes ayant écrit “Le ciel ne va pas nous tomber sur la tête” : même si, par le passé, Malthus ou Meadows se sont trompés dans leur prévisions alarmistes, c’est une question de temps avant que nous rendions cette terre invivable. Certes, il y a les progrès techniques, grande inconnue dans les modélisations de notre avenir, mais cela n’y changera pas grand-chose.

On ne sera pas muté

L’homme s’est toujours mis en danger, par ses guerres, la création de virus, l’arme nucléaire. Mais ce ne sont que des menaces ponctuelles, ne mettant pas en danger l’humanité. Tout comme les catastrophe naturelles : éruptions volcaniques, tempêtes, tsunamis. 200.000 morts ? La démographie mondiale a été retardée de 1 jour !

Par contre, en impactant sa biosphère, l’homme programme son extinction à petit feu et de manière globale. S’il persévère ainsi, il a deux autres possibilités pour survivre :

  • conquérir d’autres mondes. Mais l’homme n’est même pas capable d’habiter dans les parties inhospitalières de la terre !
  • changer son organisme pour s’adapter aux futures contraintes. Si c’est possible, seule une élite en profitera.

Non, décidément, nous sommes bien condamnés à rester sur cette terre, en l’état. L’auteur analyse alors le fonctionnement de notre société et de nos cultures, car, comme le dit Jarred Diamond (dans son ouvrage “Effondrement”, page 495), “il est douloureusement difficile de décider qu’il faut abandonner certaines de ses valeurs centrales quand elles semblent devenues incompatibles avec la survie” .

Nous avons donc quelques problèmes à résoudre, dont voici les trois principaux…

ExtraPaul lit l'enfermement planétaire
L’enfermement planétaire, est-ce la même chose que la ruine planétaire ?

Tous patriotes : ça ne va pas nous aider !

Maintenant que les frontières sont établies, les pays ne peuvent plus résoudre leur crise en envahissant de nouveaux territoires. Au contraire, ils sont devenus interdépendants entre eux, échangeant nourriture, énergies, matières premières. Quoique le mot “échange” est plutôt gentil : on pourrait aussi parler d’exploitation des pays du tiers-monde par les pays riches.

Mais alors que nous parlons de “mondialisation”, les gens s’identifient toujours à leur nation : l’intérêt de celle-ci prime sur le futur de l’humanité. Et ce n’est pas le pays le plus puissant du monde qui va montrer l’exemple : les Etats-Unis font capoter toute tentative d’une gouvernance mondiale en protégeant son économie, et en imposant un libéralisme qui ne profite pas à tout le monde.

D’ailleurs, finalement, n’est-ce pas ce dernier qui dirige le monde ?

Le libéralisme risque l’enfermement

Promis juré, je ne voulais pas vous en parler, du libéralisme ! Encore lui ! Mais comment le taire, alors que cette économie ne vise que le court-terme ?

Pour Lebeau, voilà bien le dogme qui va nous envoyer droit dans le mur, c’est sûr, c’est juste une question de temps. Hélas, comme “on ne connait aucune alternative à l’économie libérale dont la viabilité soit démontrée” (page 318), la dictature de la croissance risque de continuer, ce qui nous mènera à une crise majeure ! Et qui dit crise, dit révolution. Peut-être un mal nécessaire…

Notons que si le libéralisme permet la libre circulation des capitaux et matières, il ne le permet pas pour les hommes. Si ça ce n’est pas chercher les problèmes…

La liberté risque l’enfermement

Pour l’auteur, le développement de notre société, de nos démocraties, de nos libertés, nous conduisent aussi à l’enfermement planétaire. Car, dans une certaine mesure, dans les pays les plus avancés, nous sommes libres de faire des enfants, libres de consommer et gaspiller ce qu’on veut, et libres de penser que l’humanité n’est pas en danger.

Et le gouvernement ne peut rien nous imposer, sous peine de verser dans la dictature. D’ailleurs il pourrait déjà hériter de cette étiquette en influençant nos comportements par des campagnes d’informations : la comparaison avec la propagande nazie est vite faite.

Dès lors, dans le monde “libre”, on ne peut que miser sur une prise de conscience : elle est en route, les ONG et l’abondance d’informations nous y aident. Cela peut nous conduire à une évolution (contre la révolution, citée plus haut), mais l’issue en est vraiment incertaine…

Du sang, de la sueur et des larmes

Ce livre a l’intérêt de s’inquiéter de notre futur par rapport au comportement de l’homme, et non par rapport à des projections techniques, démographiques, etc. Car comme l’a montré Jarred Diamond (“Effondrement”, cité à maintes reprises dans ce livre), des sociétés se sont déjà effondrées, faute d’avoir pu changer leur mode vie pour s’adapter à un environnement de plus en plus contraignant.

Et l’auteur est clairement dans le camp des pessimistes, car sa projection porte dans un futur indéterminé, au-delà de 2050, année à laquelle s’arrêtent les optimistes.

Laissons donc André Lebeau conclure cet article comme il conclut son livre : “Lorsque la nuit du Nazisme s’étendait sur l’Europe, mieux valait Churchill promettant à son peuple du sang, de la sueur et des larmes que les discours lénifiants de ceux qui serinaient aux Français : Nous vaincrons parce que nous sommes les plus forts.”

“L’enfermement planétaire”, par André Lebeau, Folio, 372 pages

"La plus grande des menaces qui pèsent sur l'humanité est celle qui résulte de sa division en Etats gardiens des intérêts et des privilèges de leur peuple comme de l'intégrité de leur territoire"

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Brève histoire autour du coût du kilomètre

“Un aller-retour pour Liège svp”. “Vous êtes sûr ?” me répond le guichetier. Il était 16h, gare de Jette : cela lui paraissait inconcevable que je parte à Liège et en revienne sur ce qui restait de la journée…

Non, je ne travaille pas à la SNCB

Ben oui, je faisais un aller-retour Jette – Liège pour aller chercher un objet acheté en 2ème main. Pas de quoi en faire un article. Sauf que les deux seules personnes rencontrées lors de ce périple ont eu des réflexions témoignant de leur incrédulité !

En effet, après le guichetier, ce fut le vendeur, à qui j’avais refusé sa proposition de se retrouver à mi-chemin sur l’autoroute. Trop content de ma demande de m’attendre à la gare des Guillemins, il a cru que mon choix était dicté par la gratuité des transports : “Comme ça, vous travaillez à la SNCB ?”

Le train, trop cher ?

Ah ben dites donc, ça en perturbe plus d’un, de voir un gars faire un aller-retour pour chercher son colis, plutôt que de prendre sa voiture, comme tout le monde !

En plus, le train, c’est cher : Bruxelles – Liège, c’est 28 €, quand-même !

Et en voiture, c’est combien, dites-moi ?

Eh bien, si on calcule tout (achat, entretien, essence, assurances, etc.), votre voiture coûte en moyenne 0,28 cents du kilomètre. Pour mon aller-retour de 208 km, il m’en aurait coûté un bon 58 € ! Eh oui, cinquante-huit, acht en vijftig, fifty-eight euros ! Bien-sûr ce n’est qu’une moyenne : suivant l’usage et la taille de votre voiture, ça peut être moins… ou plus !

Voilà pour l’argument qui touche au portefeuille. Mais est-ce vraiment ça qui m’a motivé ?

Choisir entre la voiture et le train
Alors, plutôt voiture ou plutôt train ? !

Encore un peu de carbone ?

Il serait malhonnête de ma part de prétendre avoir fait des calculs de coût avant de me décider entre la voiture et le train.

En fait, c’est par conviction.

D’abord, comme je l’ai déjà fait comprendre dans un autre article, deux heures de train, c’est deux heures de temps libre. Alors que deux heures de voiture, c’est vraiment du temps perdu, même si de porte à porte c’est un peu plus rapide.

Ensuite, ma lecture du moment était… “La dictature du carbone”. Je ne vais pas dire que ce livre m’a tout d’un coup éveillé à notre consommation, mais quand même, le lire et prendre sa voiture, seul, pour chercher un objet qui coûte à peine le double de mon transport, ça aurait été comme de porter du Nike après avoir lu Naomi Klein ! Et en plus, une “veille casserole” à traîner, le jour où je devrai chroniquer cet excellent ouvrage !

Ah oui, à propos

Alors que je m’apprête à finir cet article, je me retourne comme Colombo au moment de sortir de la pièce, pour dire la phrase qui change tout : “Ah oui, à propos…”. À propos,  en été ce sont les “Summer Deal”, à la SNCB : c’est 15 € pour l’aller-retour vers n’importe quelle ville. Soit 0,07 cents du kilomètre pour Liège. Est-ce finalement le meilleur argument pour choisir le train plutôt que la voiture ? Non ? Car vous disposez d’une voiture de société ? Eh bien, moi aussi, en fait… Quand je vous dis que j’agis par conviction…

Quel enseignement tirez-vous de cet article ? (plusieurs choix possibles)

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