Archives par mot-clé : climat

La pire excuse

C’est pas que moi, les autres aussi devaient faire quelque chose” , “Après moi le déluge” , “Je faisais confiance au gouvernement” , “Je ne pouvais pas sauver le monde à moi tout seul” , “Mes actions n’auraient été qu’une goutte dans l’océan” …

Et vous, quelle excuse donnerez-vous aux générations futures ? Le site sorrychildren.com vous invite à la poster.

Et comment je fais pour bloguer sans électricité ? !

“Désolé, j’avais piscine”

Nous faisons quelques efforts, mais reconnaissons-le, nous évoluons encore dans un entourage peu préoccupé par l’urgence climatique. On en parle entre amis, en famille, oui. Mais les actes sont pauvres, quand ils ne sont pas contradictoires. Entre le chacun pour soi (“On ne vit qu’une fois” ) et l’irresponsabilité (“Les Africains n’ont qu’à faire moins d’enfants” ), certaines attitudes sont exaspérantes.

Le site Sorrychildren est alors notre exutoire. Provocation, autodérision : postons les excuses “bateau” entendues à longueur de journée – quand il ne s’agit pas des nôtres !

Ce site nous interpelle : “À moins que nous ayons tout fait pour éviter le pire, nous aurons tous une responsabilité envers nos enfants.” .

Lâchez-vous… puis agissez !

Passé son côté provocateur, le site offre un bel inventaire de ressources concernant notre péril climatique et ses défis : citations, lectures, films, réflexions, adresses de sites web, propositions d’actions, appels à se faire entendre… Même en étant déjà bien informé, on découvre quelques surprises, comme le site The Freaks (“Ne faites plus comme tout le monde” ).

Les robots dansent sur Get Freaky

Du boycott au volontariat, la liste d’actions proposées est longue : faites votre marché !

Mais avant toute chose, postez votre pire excuse. Et et en passant, aimez ma pire excuse, puis cliquez sur la photo : ma réponse se dévoilera. Je n’y gagne rien, si ce n’est un encouragement à poursuivre mes efforts.

Les îles sont inondées, l'Amazonie brûle, les océans deviennent plastique, la biodiversité trébuche, et moi et moi et moi ?

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Climat : entre efforts et sacrifices

À écouter certains, se préoccuper du climat et prendre l’avion sont incompatibles. Je ne suis pas d’accord, et l’actualité me donne l’occasion de défendre mon point de vue…

Les manifestants refroidis

C’était un jeudi soir, lors de l’émission radio “Les auditeurs ont la paroles” (Bel RTL). Le sujet : Les étudiants manifestant pour le climat doivent-ils être irréprochables ?

D’abord notre spécialiste Jean-Pascal Van Ypersele a pris la parole, enthousiasmé par tous ces jeunes manifestant contre l’inaction de notre gouvernement.

Nous étions chauds, malgré la pluie

Ensuite vint le premier auditeur à l’antenne, qui jeta un froid : “[…] combien d’entre eux [parlant des jeunes manifestants] vont mettre la pression pour empêcher leurs parents de partir en vacances en avion ? […] La vertu, c’est toujours pour les autres…” .

Voilà qui m’a énervé !

Écologiste ceinture noire

Évidemment non, ces jeunes ne se priveront pas de prendre l’avion pour partir en vacances ! Tout comme moi, qui étais bien présent aux manifestations Claim the Climate puis Act for Climate.

Suis-je alors un usurpateur, voire un hypocrite ? Je manifeste pour des mesures climatiques, alors que notre couple a généré 4 tonnes de CO2 (équivalent) en partant au Kirghizistan ? !

Voici ma réponse : ne me demandez pas d’être un écologiste ceinture noire !

Scier la branche sur laquelle je me trouve

Si je commence le karaté, me reprochera-t-on de ne pas être ceinture noire et de ne pas encore briller en compétition ? Bien sûr que non.

Mon blog recense déjà tous mes efforts pour posséder une ceinture de couleur (jaune ou orange ?) en durabilité, écologie et implications dans la société civile.

ExtraPaul avec sa ceinture son brassard jaune

Mais, pour devenir ceinture noire, je devrai me priver de voyages dans des pays que je ne peux atteindre que par avion.

M’en passer serait un sacrifice.

Demandez-moi de faire des efforts. Pas de sacrifices si je suis seul à les faire.

Alors, en attendant, je poursuis mes efforts pour passer ceinture verte. Je ne suis pas irréprochable, mais suffisamment crédible pour exiger une politique ferme concernant le climat.

Fut-elle si contraignante que ni mes compagnons de manifestation ni moi-même ne puissions prendre l’avion !

Manifester pour le climat et prendre l'avion pour ses vacances...

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Comment tout peut s’effondrer

Notre société finira par s’effondrer, et nous sommes peut-être la génération qui allons le vivre. Voici un livre qui nous explique pourquoi.

This is the end

La collapsologie est « l’exercice transdisciplinaire d’étude de l’effondrement de notre civilisation industrielle et de ce qui pourrait lui succéder, en s’appuyant sur les deux modes cognitifs que sont la raison et l’intuition et sur des travaux scientifiques reconnus. » (p. 164)

Si comme moi vous basculez entre espérance (parce qu’il existe des milliers d’initiatives pour changer le monde) et désespoir (parce que c’est toujours l’argent qui a le dernier mot), voici le livre qui va vous achever. Il dit ceci : “Une surpopulation mondiale, une surconsommation par les riches, et de piètres choix technologiques ont mis notre civilisation industrielle sur une trajectoire d’effondrement.” (p. 164)

Ses deux auteurs, Pablo Servigne et Raphaël Setevens, ont compulsé des études provenant de disciplines scientifiques différentes pour nous en exposer leur pronostic. Si leur livre fait à peine 200 pages, il se réfère à plus 400 sources : voilà qui nous épargne beaucoup de lectures !

Mais pourquoi la fin est-elle proche ? Voici trois bonnes raisons.

24.000 heures dans un baril

Premièrement, notre civilisation s’est fondée sur une énergie bon marché : le pétrole. Pensez-donc : “un baril de pétrole équivaut à environ 24.000 heures de travail humain“. (p. 156)

Mais son abondance touche à sa fin, et aucune autre énergie ne pourra prendre la relève avec autant d’efficacité. Quand bien même, on a besoin du pétrole pour mettre en place ces nouvelles énergies, et celles-ci utiliseraient des matières bien plus rare que les combustibles fossiles.

Le déclin du pétrole entraînera donc le déclin de toutes les autres énergies.” (p. 33)

C’est avec le Taux de Retour Energétique (TRE), soit la quantité d’énergie produite pour une unité d’énergie consommée, que nous comprenons les défis pour répondre à nos besoins. Le pétrole reste le plus efficace avec 11 :1 pour l’extraire. Mais il l’était de 35 :1 en 1990, et 100 :1 au début du XXè aux États-Unis ! Quant au pétrole de schiste, il est de 5 :1.

Les TRE des autres énergies ne nous donnent pas beaucoup d’espoirs :

  • entre 5 :1 et 15 :1 pour le nucléaire ;
  • entre 1,6 :1 et 2,5 :1 pour le solaire ;
  • L’éolien est à 18 :1 (quand ça souffle) mais descend à 3,8 à cause des intermittences.

Seul l’hydraulique s’en sort bien avec un TRE entre 35 :1 et 49 :1. Mais on ne peut pas mettre des barrages partout et “les 3.700 projets en cours ou planifiés dans le monde n’augmenteraient la production électrique mondiale que de 2 %.” (P. 37)

Un futur avec du pétrole pour nos voitures ? Pas vraiment.
Un futur avec du pétrole pour nos voitures ? Pas vraiment.

Des mesures, pas de solutions

Deuxièmement : “l’expansion matérielle exponentielle de notre civilisation a irrémédiablement perturbé les systèmes complexes naturels sur lesquels elle reposait. Des frontières ont été franchies. Le réchauffement climatique et les effondrements de biodiversité, à eux seuls, annoncent des ruptures de systèmes alimentaires, sociaux, commerciaux ou de santé, c’est-à-dire concrètement des déplacements massifs de populations, des conflits armés, des épidémies et des famines.” (p. 162)

Les progressistes misent sur la technique et la science, souvent à venir, pour résoudre ces problèmes – pour autant qu’ils admettent leurs existences. Mais ces attitudes nous aveuglent : tout juste a-t-on des mesures pour d’adapter aux nouvelles situations. Pas pour les solutionner.

Civilisation hors-sol

Et troisièmement, notre monde est devenu un grand système complexe interconnecté, d’une complexité telle qu’on ne maîtrise plus les effets du moindre événement, et “la possibilité d’un effondrement à très grande échelle, presque globale, est devenue envisageable.” (p. 162)

Tout le monde dépend de tout le monde, et peu de gens pourraient survivre sans notre structure artificielle (transport, nourriture en magasins, paiements électroniques, etc.). Nous sommes une civilisation “hors-sol”, vivant dans une économie mondiale très efficace mais hautement complexe.

Un tel système est capable de créer ces propres incidents, comme la crise financière de 2008. On a jugulé le début d’un effondrement, mais deux pays s’en sont particulièrement bien sortis : la Zambie et le Malawi : pratiquant l’agroécologie, non connectés au système industriel mondial, ils n’ont pas connu de crise de la faim.

Ce qui signifie que “la possibilité qu’un effondrement survienne renverse donc l’ordre du monde” (p. 128) : le “redémarrage” de notre civilisation viendra des pays en périphérie de notre monde moderne.

Invasion of the saucer-men edited
L’Homme n’aura pas besoin des extra-terrestres pour mettre fin à la civilisation

Le loup l’emporte sur le GIEC

Pour dire simple : les pays les moins “avancés” sauveront la race humaine !

Moins avancé : moins technique, moins interconnecté, avec des solutions locales, pour une société avec plus de résilience. Une partie de la population l’a compris et a entamé un changement d’habitudes, comme en témoignent les villes en transition.

Il s’agit bien d’une prise de conscience dont la posture est “à la fois catastrophique et optimiste, c’est-à-dire à la fois lucide et pragmatique.” (p. 154) Mais qui est difficilement soutenable par les politiques, car cela reviendrait à valider la fin du “vieux monde” et… à précipiter sa fin par la panique qu’une telle déclaration susciterait !

Mais le déni politique n’explique pas pourquoi “nous continuons de vaquer avec, bien sûr, la ferme intention d’améliorer notre sort par quelques réformes, mais jamais il n’est question de notre disparition à court terme en tant que civilisation” (p. 169) Il faut en effet compter avec notre sens cognitif, qui nous pousse à traiter les problèmes immédiats plutôt que les menaces lointaines. Pour le dire autrement : “[… ] un résumé du GIEC provoque moins de sécrétion d’adrénaline que la vue d’un loup qui s’approche de nous en grognant.” (p. 142)

Demain

Vous ne tenez pas dans les mains un livre destiné à faire peur” lit-on en page 17.

Le message est pourtant que notre système ne pourra pas se sauver, tant le dogme de notre économie est implanté dans les esprits. Et aucune solution valable ne pourra émerger à l’intérieur de ce système : seul un effondrement pourra laisser la place à une nouvelle société, plus sobre et plus résiliente.

Ceux qui ont vu le film documentaire “Demain” auront découvert les initiatives préparant ce nouveau monde. Mais si le film de Mélanie Laurent et Cyril Dion nous donnent l’espoir d’un changement de notre système, il nous laisse dans l’incertitude quant aux chances de succès.

Un peu d’espoir avec le film “Demain”

 

Et c’est peut-être Servigne et Stevens qui nous donnent la réponse dans ce livre : il faudra d’abord passer par la chute du système économique actuel. Et que l’on ne craigne pas un nouveau monde à la Mad Max : “L’effondrement n’est pas la fin mais le début de notre avenir.” (p. 167)

“Comment tout peut s’effondrer”, Pablo Servigne et Raphaël Stevens”, 206 pages, Editions du Seuil

[...] l'échéance d'un effondrement de grande ampleur apparaît bien plus proche qu'on ne l'imagine habituellement, vers 2050 ou 2010. (p. 161)

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