Nous saccageons la planète pour nous nourrir… mal. Mais cela peut changer. Voici un livre qui nous montre la lumière au bout d’un tunnel bien obscur.
Effondrements alimentaires
Jane Goodall est surtout connue comme primatologue, ayant fait évoluer notre regard sur les singes, et par là même celui sur l’homme. Très influente et médiatique, multi-récompensée, son étude du milieu sauvage l’a amenée à devenir une ardente défendeuse des causes environnementales.
Son livre “Nous sommes ce que nous mangeons” dénonce l’industrie alimentaire, avec ses ravages sur notre santé comme sur l’environnement.
“On pensait que le XXIè siècle apporterait un confort sans limites aux nations industrialisées, à la place on assiste à un effondrement des habitudes alimentaires.” (p. 293)
Ce livre est sorti en 2005, et depuis lors des tonnes d’articles, de reportages et de livres sont sortis sur le sujet, tandis qu’un virage vers une nourriture plus saine et respectueuse de l’environnement est clairement entamé. Il est donc difficile d’apprendre de nouvelles choses en le lisant, d’autant qu’il faut prendre les propos de l’auteure avec prudence : elle ne donne pas ses sources et on sent souvent le cri du cœur prendre le dessus sur l’analyse scientifique.
La pilule rouge
Pour autant, tout cela est toujours d’actualité.
Mais quoi donc ? Et bien citons l’auteure, dans sa conclusion, pour vous faire prendre la pilule rouge si vous croyez toujours vivre dans un monde parfait :
“Nous vivons des temps difficiles. Les multinationales contrôlent presque toutes les réserves alimentaires du monde ainsi que les brevets de nos semences. Des milliards d’animaux d’élevage vivent dans des conditions misérables. Les êtres humains et les animaux sont de plus en plus contaminés par les produits chimiques qui ont été répandus avec excès sur les champs, semences et aliments, empoisonnant l’eau, le sol et l’air de la planète. […] Des milliards de tonnes d’énergies fossiles servent à transporter nos aliments d’un bout à l’autre de la planète […]. La monoculture subventionnée par les gouvernements use de l’essence pour le plus grand bien des fabricants de hamburgers et de steaks. […] Les exploitations familiales doivent déposer le bilan. […] L’eau se fait de plus en plus rare et sa pollution ne fait qu’augmenter.” (p. 365)
La récolte de l’espoir
N’allez pas croire que Goodall ne fait que dépeindre un monde noir et inhumain, sur presque 400 pages.
Son livre commence par une analyse zoologique et anthropologique de la manière de s’alimenter, d’où le titre francophone du livre, que je trouve mal choisi puisque son but est de nous amener sur la voie du changement, comme l’indique clairement le titre original : “The harvest of hope” (La récolte de l’espoir).
Nostalgique de son enfance, remplie de bons souvenirs à la ferme, Goodall prône un retour à un rapport plus éthique avec notre alimentation : des animaux mieux traités, des cultures exploitées avec moins d’agressivité. Et plus de respect pour notre nourriture : prenons le temps de manger, et ne gaspillons pas.
Les initiatives ne manquent pas pour aller à contre-courant de l’industrie alimentaire, ainsi que d’éduquer la nouvelle génération pour qu’elle retrouve… ses racines. C’est bien le but du projet The Edible Schoolyard, qui met les écoliers en contact avec la terre nourricière. Ou le projet éducatif Roots & Shoots, effectif dans 130 pays, fondée par l’auteure elle-même.
Ce que vous pouvez faire
Goodall s’est faite la porte-drapeaux d’un nouvel espoir, et aujourd’hui on peut dire que le mouvement s’est amplifié.
Son livre regorge de conseils que nous connaissons bien aujourd’hui : mangez local, de saison, éviter le gaspillage, n’achetez pas l’eau en bouteille, etc.
Ce n’est pas toujours évident, mais nous verrons dans mon prochain article qu’une des nombreuses initiatives est, peut-être, à portée de votre main.
En attentant, concluons avec Goodall, qui écrivait avant que le mot “consom’acteur” soit à la mode : “Rappelez-vous bien que chaque aliment acheté est un vote. Nous pouvons être tenté, en tant qu’individus, de penser que nos petites actions ne comptent pas vraiment, qu’un plat ne fera pas la différence. Mais, justement, chaque plat, chaque bouchée est riche d’une longue histoire qui nous raconte où ces aliments ont été cultivés, élevés, récoltés. Nos achats, nos votes détermineront la suite du parcours. Des milliers et des milliers de votes sont nécessaires pour encourager les méthodes d’agriculture qui rendront la santé à notre planète.” (p. 374)
“Nous sommes ce que nous mangeons”, Jane Goodall, 379 pages, Babel
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