Voilà un titre provocateur qui ne manquera pas de susciter des débats !
Car s’il est bien un sujet tabou, c’est celui du droit d’avoir un enfant : sujet tellement dangereux qu’aucun homme de pouvoir ne peut remettre en question, voire poser la question : “Face au désastre écologique qui s’annonce, peut-on continuer à procréer comme si de rien n’était ?”.
Michel Tarrier, lui, n’a pas peur d’en parler, de taper sur le clou, et ça fait mal : “Posséder une famille nombreuse est un délit environnemental, une grave atteinte à la Planète et à l’avenir commun” (p. 26), “La bombe démographique est pour la biosphère la pire arme de dissuasion massive” (p.23).
L’homme en prend pour son grade : remarquez que j’y met un petit h, car le mâle humain est pointé du doigt, avec son besoin de reproduction sans contrôle, conforté par le sexisme religieux, établissant sa dictature masculine.
Dans son “petit pamphlet antinataliste”, l’auteur nous fait le bilan de la situation planétaire : il n’est pas très positif, vous l’avez deviné. Pour lui, “Tout pacte écologique sous-entend l’idée d’un pacte antinataliste” (p.16) : les écologistes ayant plus de 2 enfants sont déjà hors course ! Et ses arguments ne manquent pas pour nous persuader que la planète serait viable pour tout le monde (càd avec les êtres vivants avec lesquels nous le partageons !) si nous n’étions que… 2 milliards. Avant de s’exclamer sur ce chiffre effroyablement petit, ayons à l’esprit qu’il tient compte de la consommation complète d’un être humain, et non de sa seule nourriture. On trouve en effet beaucoup d’informations où notre “profusion” de nourriture pourrait alimenter 7 milliard de personnes, voir plus.
Le sujet est délicat, et tous les aspects du problèmes sont analysés dans les quelques 170 pages de l’ouvrage : l’auteur donne l’impression de ne pas apprécier les enfants, et ses propos pourraient choquer votre fibre parental ! En ce qui me concerne, ne l’ayant pas, j’ai eu beaucoup de plaisir à lire ce livre, qui m’a conforté de l’idée de ne pas avoir de descendance.
En fait, s’il fallait choisir un premier livre par lequel s’engouffrer dans la grande problématique de notre environnement, prenez celui-ci. Car il résume des sujets abordés en détail dans d’autres ouvrages, donne beaucoup de chiffres (dont hélas les sources sont rarement données – gros reproche à faire à l’auteur), et offre un tour d’horizon des situations, décisions, théories, etc. qui touchent notre avenir.
Si on n’est pas d’accord avec l’auteur, il a le mérite de nous inviter à la réflexion : ses idées sont dans un coin de ma tête pour être confrontées à mes autres lectures…
“Faire des enfants tue… la planète” (Michel Tarrier), 174 pages, La Maison d’Edition
je suggère d’aborder le problème sous un autre angle : la densité de population, si possible pondéré par les ressources des territoires considérés. Je propose d’examiner le tableau wiki ( http://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_pays_par_densit%C3%A9_de_population ) . On y verra sans doute que le plus préoccupant sous cet angle est sans doute le Bengladesh. Mais aussi que les surpopulations ne sont pas toujours où l’on croit, que des pays comme les Pays-Bas, la Belgique et le Japon sont autrement plus concernés que Chine et Inde. Et qu’à une exception près (Rwanda), contrairement aux idées reçues, ce n’est sûrement pas le problème de l’Afrique.
Dis-donc, sur le site http://pour-une-decroissance-demographique.blogspot.com/ ce livre est référencé, ainsi que “L’Humanité disparaîtra, bon débarras”, que tu as lu mais pas encore chroniqué.