Archives de catégorie : Réflexion

Ce n’est pas de la haute philosophie, ce ne sont que les pensées éco-sociétales d’ExtraPaul.

C’est la chance qui compte

Que ce soit pour la pensée positive, les régimes ou l’art de la drague, il suffit de faire comme celui qui a écrit le livre pour que ça marche. Tiens donc !

Le cygne noir

Dans le dernier article j’ai chroniqué le livre “C’est la pensée qui compte” , mais je n’en avais pas fini avec celui-ci. Il me donne, enfin, l’occasion d’apporter mon regard sur ce genre de livre, ou plus précisément, sur ce genre d’auteur.

Vous vous dites que je m’éloigne de ma préoccupation, et peut-être de la vôtre, mais non : pour sauver le monde, il s’agit de bien comprendre son état, et parfois notre perception est faussée…

Pour développer mes propos, je m’inspire de l’ouvrage “Le cygne noir” (qui décidément reste bien mon livre de chevet), et en particulier du chapitre 8 où l’auteur, Nassim Nicholas Taleb, nous parle du problème de Diagoras…

Le problème de Diagoras

« On montra à un certain Diagoras, un athée, des tablettes peintes représentant des dévots qui avaient prié et survécu à un naufrage qui leur était arrivé ensuite. Sous-entendu : prier protège de la noyade. Diagoras demanda alors : Où sont les portraits de ceux qui avaient prié et qui sont morts ? » (p. 145).

Et donc voici la leçon : parce que les perdants ont rarement les moyens de se faire entendre, nous établissons des conclusions sur ceux que l’on entend – et ceux-ci se gardent bien de parler des “perdants”.

Un livre écrit par un perdant !
Parfois les perdants écrivent… avant de périr dans une tour un 11 septembre 2011 (véridique !)

Ainsi David R Hamilton nous convainc du pouvoir qu’il possède par la seule force de l’esprit : il a fait disparaître la grippe d’une amie en plaçant la main sur son front et en disant “Grippe, disparais !” ; il a trouvé sur sa route une boîte de disquettes alors qu’il en cherchait désespérément. Enfin, alors qu’il était en retard à un rendez-vous, il s’arrêta en bord de route en se disant “j’ai tout mon temps”, puis arriva bien après l’heure convenue, mais bien avant son hôte qui était aussi en retard.

Et il nous parle aussi de la malchance survenant quand on pense négativement : en avion, un ami s’est fait vomir dessus par un passager malade, car cet ami a trop pensé que ce serait sur lui que ça tomberait. Et de conclure “Vous avez peut-être remarqué qu’il nous arrive d’attirer certaines situations comme si nous étions des aimants.” (p. 170)

Je ne met pas en doute que tout cela se soit arrivé. Mais combien de contre-exemples ont été ignorés, consciemment ou pas ? Car nous avons une mémoire sélective, dépendant, entre autres, de notre état d’esprit.

C’est ainsi que penser positivement vous permet de relativiser les petits problèmes… et de monter en épingle tous les petits bonheurs qui vous arrivent, ainsi que de les raconter.

Et si vous vous êtes fixé un objectif à atteindre, vous m’en parlerez avec enthousiasme puis, les années passant, cet objectif sera revu à la baisse, vous vous contenterez de ce qui arrivera, et s’il n’arrive vraiment rien, tout cela tombera dans l’oubli : les non-événements, c’est le problème de Diagoras…

Comment j’ai raté ma vie

Du temps où j’avais mes trois groupes de musique, j’ai croisé un personnage adepte de la force de la pensée. Il avait une maîtrise totale de son corps : jamais malade, se faisant opérer sans anesthésie, jurant qu’il n’aurait jamais le cancer. Maître en arts martiaux et autres disciplines parallèles, son positivisme et sa richesse d’esprit étaient communicatifs : le coaching était son business. Voyant mon enthousiasme avec mes projets musicaux, il m’assurait que, si je le voulais, je pouvais aller loin, ça ne dépendait que de moi.

Je n’ai pas manqué de lui montrer mon scepticisme. En fait, quand on me dit que ça ne dépend que de moi pour atteindre des buts disproportionnés, ça m’agace profondément ! Et quand on cite la carrière d’untel pour dire “voyez, il suffit de faire ça pour réussir”, c’est un faux exemple : de toutes les personnes qui ont suivi le même parcours, c’est le seul à avoir réussi, à être sous les feux des projecteurs. Et, puisque c’est dans l’air du temps, il en a peut-être écrit un livre ! La belle affaire !

Les échecs restent dans l’inconnu : avez-vous déjà lu “Comment j’ai raté ma vie”, ou “Je n’ai eu que de la malchance : faites comme moi” ?

Nous sommes superficiels

Concluons en donnant la parole Mr Taleb : “Nous sommes conçus pour être superficiels, pour prêter attention à ce que nous voyons et ne faire aucun cas de ce qui ne s’impose pas avec force à notre esprit.” (“Le cygne noir”, p.169)

Vous voulez maigrir ? Faites comme Jared Fogle : il a perdu 111 kilos en mangeant des sandwiches Subway ! (ah oui, au fait : il a écrit un livre !)
Vous voulez maigrir ? Faites comme Jared Fogle : il a perdu cent onze kilos en mangeant des sandwiches Subway ! Ah oui, au fait : et il a écrit un livre…

"Nous avons naturellement tendance à rechercher les exemples qui confirment notre histoire et notre vision du monde." (Nassim Nicholas Taleb)

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Un sac exquis

La chaîne d’alimentation EXKi était déjà au vert, mais maintenant elle va plus loin, elle repense, elle re-think : c’est ce que j’ai découvert en entrant, le 3 janvier, dans celui de la Place du Luxembourg. La date est importante et explique cette aventure : c’est une semaine creuse et mon snack favori était fermé. Cela pour dire que je n’ai pas d’avis sur EXKi : je n’y vais jamais.

Bref, je suis à la caisse avec un sandwich trop petit à mon goût, quand je vois une affiche « Rethink 2.0 » : EXKi mène en effet une campagne pour réduire son impact écologique (encore lui !), et je n’ai rien à redire, cela me semble une belle initiative.

Hélas mon enthousiasme retombe vite, par un fait qui serait passé inaperçu au commun des mortels. Mais pas à moi : il y a des sujets qui me fâchent, ils sont souvent futiles, je sais, et  je prends sur moi – mais je finis quand-même par me décharger dans ce blog…

Or donc, voici l’objet du délit : ce foutu sac en papier dans lequel le vendeur vient de mettre mon sandwich ! Ah mais je ne vous ai pas dit : le condiment en question est emballé serré dans un cellophane, aussi étanche qu’une tenue spatiale. Il pourrait affronter la pluie, la neige, une tempête de sable ou le vide intersidéral !

Non, je suis de mauvaise foi : le sac, c’est pour protéger la serviette en papier que le vendeur vient d’ajouter. Ça change tout !

Bon, sérieux, les clients de ce snack travaillent dans un rayon de 300 mètres à tout casser, et les vendeurs doivent le savoir : utiliser un sachet en papier pour un cas de figure comme le mien, je ne trouve pas ça rethinké 2.0 !

Non, je suis de mauvaise foi (bis !) : c’est marqué sur le sachet incriminé (je traduis) : “Veuillez réutiliser ce sac”.

Un sac qui a de l'avenir !
Un sac qui a de l’avenir !

Croyez-moi, des sacs, j’en réutilise, on ne me prendra pas en défaut. Mais des sacs en papier, format sandwich (ou sac à vomi comme dans les avions), j’ai du mal à en trouver l’utilisation.

Vous vous imaginez, vous, déplier votre sac en papier tout chiffonné (et le reste…)  à la caisse chez EXKi ? Et attention qu’il faut aller vite, et être proactif : ce sont des professionnels de la mise en sac, le geste est sûr et efficace, et je ne crois pas que le coaching “Rethink” les a formé à poser la question : “Vous avez votre sac en papier ?”.

Et pourtant, cela vaudrait la peine de réutiliser votre sac six fois ! Eh oui, car dans le guide du Rethink 2.0, page 53, on trouve : “EXKi propose des sacs en papier réutilisables (6 passages à la caisse avec le même sac = un café issu du commerce équitable offert)” – comment comptabilisent-ils les 6 utilisations, je me le demande…

Ah, les sacs ! Je pourrais encore vous en rabattre les oreilles pendant des heures, mais je garde le plat de consistance pour un prochain article.

En attendant, je salue la démarche “Rethink” d’EXKi, même si je trouve certaines mesures, comment dire, décalées…

Les sacs donnés dans les commerces...

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Ces champs peuvent-ils nourrir tous les belges ?

Le Belge a une densité de plomb

En décembre 2012 la presse annonçait une grande nouvelle : ça y est, la Belgique a passé le cap des 11 millions d’habitants. Voilà qui me donne l’occasion de faire quelques mesures, histoire de bien situer l’encombrement des belges par rapport à la planète…

Un quart de terrain de foot

Nous sommes dans le top des pays les plus denses (362,65 hab./km2 [1]), ça, tout le monde le sait, on l’apprend même à l’école ! Sous réserve d’actualisation des chiffres, nous serions 16ème sur 192 [2].

En fait, chaque Belge occupe 2.757 m2 (0,27 ha), soit un quart de terrain de football [3]. Peut-on vivre sur une telle surface ? Ça dépend de quelle façon…

Imaginons que toute la surface du territoire soit disponible pour nous nourrir, et que nous n’ayons que ce besoin : nous nous en sortirions tout juste puisque actuellement une personne aurait besoin de 0,25 ha de champ pour manger [4].

Mais nous devons nous laver, dormir, avoir un minimum de confort. Pour avoir une idée de ce que ça représente, prenons exemple sur la famille Baronnet, qui vit en autarcie sur un terrain de 3.800 m2, dont 400 m2 de potager [5]. Ils sont deux, ça fait 1.900 m2 par personne : le belge dispose de plus de surface, et donc pourrait vivre comme un Baron…net !

Ces champs peuvent-ils nourrir tous les belges ?

Là où la Belgique se classe en tête

Mais le belge moyen ne se contente pas de “juste” vivre : il consomme beaucoup et produits beaucoup de déchets. Cela se mesure avec l’empreinte écologique, qui donne la surface d’hectare globale nécessaire pour un humain. Comme ce chiffre dépend du mode de vie, il est radicalement différent selon que l’on soit Qatarien (11,68) ou Afghan (0,5). Pour un belge, il est de 7,11 hag [6], ce qui nous place en 6ème position dans le classement des pays les plus “lourd” [7] !

Même si l’exercice n’est que virtuel, et que les surfaces calculées plus haut ne sont pas comparables, nous voyons maintenant que le belge a en fait besoin de 7 terrains de football pour son train de vie ! Et voici de quoi ils se composent [8] :

  • 1.82 hag de terres cultivées
  • 0.95 hag de pâturage
  • 0.47 hag de forêt (pour la fourniture en bois)
  • 0.17 hag pour la pêche
  • 3.26 hag de forêt pour séquestrer nos émissions de carbone
  • 0.45 hag pour nos infrastructures (habitations, transport, etc.)

9 millions de belges en trop

Ah qu’il est provocateur, ce titre ! Mais je ne résiste pas un petit calcul supplémentaire, juste pour voir…

Car à l’inverse de l’empreinte écologique, il existe la biocapacité, qui mesure la capacité que possède la nature à se régénérer et à compenser la consommation de l’homme. Chaque pays a son chiffre, et voici celui de la Belgique : 1,33 hag par personne. Ce qui nous donne un calcul dont le résultat est désastreux : 1,33/7,11 * 100 = 18,7 %. La Belgique assure moins d’un cinquième de la surface biologiquement productive nécessaire à ses habitants.

Autrement dit, notre territoire n’assure que pour 2 millions de belges, et les 9 millions excédentaires prennent crédit ailleurs… Alors remercions des pays comme la Bolivie qui compensent, avec 18,39 hag par personne !

Alors on dense ?

Bien-sûr certains chiffres que j’ai utilisés ne sont pas de toute dernière fraîcheur, voire changent d’une source à l’autre, mais on peut malgré tout conclure que si la Belgique est dense par sa population, elle l’est surtout par son impact environnementale et économique.

Bref, pour notre planète, la Belgique est faite de plomb et non de plumes !

Le Belge pèse lourd et ça se voit ! / (c) Nasa
Le Belge pèse lourd et ça se voit ! © Nasa

(Calculez votre empreinte écologique pour répondre au sondage ci-dessous…)

Quelle est votre empreinte écologique ? (lien donné ci-dessus)

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