Archives de catégorie : Agir

J’agis, vous agissez, nous agissons : du plus petit geste au grand changement, du plus futile au plus radical, ça ne sauvera le monde que si nous sommes 7 milliard à le faire…

Allons au Repair Café

Quel est le café où l’on va avec son grille-pain sous le bras, s’il est cassé ? Au Repair Café, pardi !

Belgique, pays des cafés

Le Repair Café “est un temps ou un moment dédié à la réparation d’objets et organisé à un niveau local, entre des personnes qui habitent ou fréquentent un même endroit (un quartier ou un village, par exemple)” (WikiPedia). Inventé chez nos voisins hollandais en 2009, c’est une réponse au gaspillage et à l’obsolescence programmée.

Cette initiative citoyenne a maintenant dépassé les frontières de nos voisins : il y en a quelques 700 dans le monde, concentrés principalement en Hollande, en Belgique et en Allemagne. En fait, c’est un mouvement qu’on ne trouve que dans les pays occidentaux, les autres pays ayant gardé l’habitude de la réparation plutôt que de jeter : on n’a rien à leur apprendre !

Jeter mon grille-pain ? Pas question !
Jeter mon grille-pain ? Pas question !

Sur notre territoire, on peut être fier d’avoir une petite centaine de Repair Cafés. Dont un dans ma commune. Décidément, Jette nous gâte en matière d’initiative citoyenne.

Je n’attendais qu’un motif pour vivre cette nouvelle expérience citoyenne, et c’est mon grille-pain qui m’offre le ticket d’entrée. Il fait sauter le disjoncteur : c’est grave, docteur ?

Numéro 13 : un porte-bonheur ?

Un Repair Café est organisé chaque mois au sein de chaque commune. Je consulte le calendrier sur le site officiel Belgique pour savoir quand et où aura lieu le prochain rendez-vous : c’est le 4ème dimanche du mois, entre 15 et 17 heures, dans une salle bien connue des Jettois pour ses activités culturelles et associatives.

Me voilà sur place, mon grille-pain sous le bras. Je suis accueilli par une dame qui voit en moi les signes d’une “première fois”. Elle m’explique donc que je dois :

  1. lire le règlement (en gros : il ne faut pas poursuivre le réparateur si son intervention échoue) ;
  2. indiquer sur un document : nom, type d’appareil, explication de la panne, signature pour approuver le règlement et, pour la fin, le succès de l’intervention ;
  3. attendre mon tour : aujourd’hui, c’est calme, me rassure la dame, car la dernière fois il y avait une cinquantaine de demandes. D’ailleurs il vaut mieux venir dès l’ouverture.

J’ai le numéro 13 : je ne devrais pas attendre trop longtemps.

Dans la résistance

Je m’installe, une bière à la main, et observe toute cette activité bon enfant.

Il y a quatre réparateurs, tous déjà bien occupés sur un échantillon varié d’objets de notre vie moderne : un tourne-disque qui ne tourne plus, un micro-ondes qui n’émet plus de bonnes ondes, un vélo qui ne file plus droit, et un ordinateur capricieux.

Mais il y a aussi des couturières. Car les vêtements ont aussi droit à des mains expertes.

Du vélo à l'ordinateur en passant par le grille-pain : tout se répare
Du vélo à l’ordinateur en passant par le grille-pain : tout se répare

Voilà, c’est mon tour.

Je m’installe en face du technicien qui semble spécialisé dans l’électro-ménager (il n’est pas rare de devoir passer son tour, en attente du réparateur le plus qualifié pour son problème). Mais n’allez pas croire que c’est son domaine : notre homme est programmeur d’automates. Il a rejoint le Repair Café il y a quelques mois, et estime réussir 75 % de ses interventions.

Je suis confiant, me disant qu’un objet aussi simple qu’un grille-pains ne doit pas poser de problème. Hélas, après 10 minutes de manipulations, le verdict tombe : la résistance est cassée. Irréparable. Du moins avec les moyens ici.

Engagez-vous

C’est donc un échec. Mais que cela ne décourage pas de revenir. En fait, les Repair Cafés ont un taux de réussite de 60 %.

En partant, je remets ma feuille cochée “non réparé”.

Et je glisse un petit billet dans la caisse : tous ces bénévoles le méritent bien.

Et qui sait si un jour vous n’en ferez pas partie ? Vous ne seriez pas un peu bricoleur, par hasard ? Si oui, faites profiter le Repair Café de votre quartier. Voilà un activité du dimanche très gratifiante !

Ce grille pain fait partie des 40%
Les Repair Cafés ont besoin de vous

Les Repair Cafés...

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La Ruche qui dit Oui !

“Manger mieux, manger juste”, c’est le slogan d’une entreprise qui fait du bien à notre société, et qui est, peut-être, déjà dans votre quartier.

Ça se passe près de chez vous

Dans l’article précédent, je chroniquais un livre de Jane Goodall, qui nous encourageait à changer notre mode d’alimentation, par une consommation responsable.

Ce n’est pas toujours évident, et le rayon “Bio” de votre supermarché n’a sans doute pas réussi à vous faire quitter le côté obscur de l’alimentation industrielle.

Mais des initiatives apparaissent, et l’une est sans doute proche de chez vous : “La Ruche qui dit Oui”.

J’avais vu un reportage sur cette organisation française. Cela m’avait enthousiasmé, et un an plus tard, je découvre qu’une antenne s’ouvre dans mon quartier… au bout de ma rue.

Bienvenue dans la Ruche

La Ruche qui dit Oui ! est un service web qui donne des ailes aux circuits courts. La plateforme de vente en ligne favorise les échanges directs entre producteurs locaux et communautés de consommateurs qui se retrouvent régulièrement lors de véritables marchés éphémères.” (Qui-sommes-nous-WEB.pdf, page 4).

Concrètement, une antenne (une “Ruche”) a été ouverte dans mon quartier par une “responsable” (merci Martine), qui s’est chargée de trouver des producteurs locaux (fermes, boulangers, bouchers, crémiers, artisans…), et une salle pour organiser les ventes hebdomadaires. Nous, les habitants du quartier, nous inscrivons comme membre pour pouvoir acheter ces produits. Ensuite…

  1. On les commande dans un catalogue en ligne, sur le site de la Ruche. Les produits sont classés par genre (légumes, viandes, boulangerie…), avec une photo, le prix à l’unité, le producteur.
  2. On clôture sa commande avant la date limite (chez nous c’est le dimanche soir pour la distribution le mercredi). On connait alors le montant maximum à payer.
  3. Le jour précédant la distribution, la commande est revue : en effet, les producteurs ne se déplacent pas en dessous d’un montant minimum de marchandises. Si c’est le cas, tous les produits du producteur sont retirés des commandes, et les paiements revus à la baisse.
  4. Le montant est ensuite automatiquement débité de la carte de crédit (dont le numéro a été fourni lors de l’inscription).
  5. Le jour J, nous allons chercher nos produits. Notre commande porte un numéro, et les producteurs nous attendent avec nos paquets. Il n’y a plus qu’à passer de l’un à l’autre…
La commande n°21
La commande n°12

Tout le monde gagnant

C’est le producteur qui fixe ses prix, et comme c’est lui qui profite en premier de cette plateforme de vente, il en est le financier : 16,7 % de son chiffre d’affaire va à l’entreprise (car il s’agit d’une entreprise française agréée ESS comptant 35 salariés). Ce qui permet aussi de dédommager le responsable de la ruche : cela vaut bien les 10 à 15 heures par semaine que ça lui demande !

Une Ruche profite donc à tout le monde : on fait vivre des producteurs de la région, on mange mieux.

Et on fait des rencontres.

Car la distribution ne se résume pas à un passage sous le couvert d’un numéro anonyme : les dégustations offertes par des producteurs passionnés ne manquent pas, et les conversations entre personnes partageant les mêmes valeurs sont facilitées. Le quartier devient un village. Et nos courses un acte social.

D’ailleurs, des liens se créent aussi dans le virtuel, entre deux distributions…

Oui en plusieurs langues

Car le site de la Ruche qui dit oui est redoutablement bien fait. Chaque ruche y a son compte, renforçant la communauté locale, avec son fil d’actualité. Le responsable annonce les dégustations et les nouveaux produits, les membres réagissent et commentent, et les producteurs viennent parfois faire un “petit coucou”.

Mais le plus jouissif, c’est de voir les prénoms des nouveaux membres apparaître sur la ligne du temps : il en arrive chaque semaine, et notre petite ruche en est à 539 membres et 15 producteurs.

Quant aux Ruches, elles prolifèrent. Après avoir dit “oui” à la France et à la Belgique (557 ruches, plus 187 en construction), elles s’internationalisent et disent “yes”, “ja” et “sí”.

La vague du “manger mieux, manger juste” s’étend donc sur l’Europe. Et si votre quartier est oublié, il ne tient qu’à vous de changer ça.

Frais et vrai !
Frais, et couleurs naturelles !

La Ruche qui dit Oui...

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Kiva : faites du microcrédit

Que peut-on faire avec 20 euros ? Acheter le dernier Musso, se payer un moules-frites sans le verre de vin blanc, s’offrir une demi chaussure ou… prêter cet argent à des gens qui en ont bien besoin.

Pour une poignée de dollars

20 euros, en réalité 25 dollars, c’est la somme minimum que Kiva vous propose de mettre sur la table pour devenir un acteur du microcrédit. Cette ONG californienne, créée en 2005, a eu la bonne idée suivante : permettre aux internautes du monde entier de prêter leur argent à des gens démunis, répartis dans 77 pays.

Le système est simple :

  1. Vous vous inscrivez sur Kiva.
  2. Vous alimentez un compte par transfert PayPal (qui ne prend pas de commission).
  3. Vous choisissez la ou les personnes (les “borrowers”) à qui vous prêtez votre argent.
  4. Ces personnes vous remboursent mensuellement suivant leurs moyens (l’argent revient sur votre compte Kiva).
  5. Quand vous avez regagné un peu de fonds, vous recommencez le point 3…

Comment fonctionne Kiva ? (en anglais)

Une autre richesse

Comprenez bien, ceci n’est pas un investissement : il n’y a pas de taux d’intérêt sur le remboursement. Qui plus est, votre argent a une tendance à fondre, car Kiva vous propose de verser un petit pourcentage sur chaque prêt, pour les frais de fonctionnement de l’organisation.

Il y a en plus un petit risque de non-remboursement, le taux de remboursement étant de 98,87 %. En fait, les prêts passent par une agence locale de microcrédit : elle est détaillée dans la fiche de projet de chaque emprunteur.

Bref, il s’agit d’un geste philanthropique, qui donne beaucoup d’utilité à notre argent. Et ne croyez pas que ce système n’intéresse que quelques idéalistes : nous sommes 1.210.249 à être dans Kiva ! Les sommes en jeu atteignent presque 600 millions de dollars, ce qui a permis à l’organisation de faire plus de 700.000 prêts.

Voyons maintenant qui sont les emprunteurs.

Salvarby, Jimy Jesus, Moudi et Sinan ont besoin de votre argent

Quand vous arrivez sur le site de Kiva, vous êtes accueilli par une mosaïque de photos : des gens en attente d’un prêt. Mais ce n’est que le sommet de l’iceberg : ils sont plus de 3.000 personnes (dont les deux tiers sont des femmes) à proposer un projet demandant un prêt de 125 à 10.000 dollars (la moyenne étant de $ 418.32).

Il ne vous reste plus qu’à choisir à qui vous voulez prêter par tranche de $ 25, et le site vous propose de multiples moyens de trouver vos coups de cœur : la liste des projets se trie et se filtre sur de multiples critères, comme le domaine d’activité (agriculture, construction, éducation…), des attributs (Faire Trade, zones de conflit, jeunesse…), le pays, homme ou femme, etc.

Alors, entre Salvarby du Tadjikistan qui a besoin de vêtements d’enfant pour son magasin, Jimy Jesus du Pérou qui doit construire une clôture, Moudi du Zimbabwe qui aimerait acheter des poules, et Sinan du Cambodge qui veut une motocyclette pour faire taxi, les besoins sont multiples et variés.

Et parfois peuvent heurter nos principes.

Des smartphones pour les enfants

Car nos choix sont dictés par nos valeurs, sans doute en décalage avec la réalité du terrain.

Par exemple, je ne prête pas à des agriculteurs empruntant pour des fertilisants et insecticides : c’est à l’encontre d’une certaine agriculture que je défends. Mais est-ce juste ? Ma fois, il faut bien que je trouve des critères de sélection.

Mais que penser de Mohammed du Yemen qui veut acheter deux mobiles Galaxy à ses enfants, ou Tsetsegmaa de Mongolie qui recherche $ 1.100 pour une télévision LCD ? À force de voir des demandes de prêts pour des choses essentielles, on a du mal à accepter de tels projets. Mais il y a matière à débattre : on est bien mal loti pour prétendre qu’un crédit ne pourrait pas servir à de tels achats.

Et puis, l’essentiel n’est-il pas que notre argent serve à améliorer la vie des gens ?

Plus de 3.000 "borrowers" vous attendent
Plus de 3.000 “borrowers” vous attendent

You’ve received a repayment on a loan !

À mon souhait “J’aimerais que mon argent soit utile”, Kiva y répond parfaitement. Il suffit de voir le temps que met un débiteur à nous rembourser pour se rendre compte de la fortune que nous avons. Que Surhrobjon, du Tadjikistan, me rembourse en un mois ce que je dépense pour un café, n’est-ce pas indécent ?

Avec une petite somme, celle de votre prochain moules-frites, vous pouvez enchaîner les prêts et aider des dizaines de personnes dans le monde…

… voire des milliers, comme ZX81, de Bruxelles : inscrit depuis le 22 janvier 2007, il en est à 118.082 prêts ! Qui dit mieux ?

L'organisation Kiva...

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