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Energiris : entrez dans un cercle vertueux

Investir dans les énergies renouvelables : voilà un plan que je cherchais, et c’est Energiris qui me donne la solution.

Nous serons les 12 %

Pour répondre à la question “Que puis-je faire avec mon argent pour construire un monde meilleur, mais sans perdre de l’argent ?” , Energiris apporte une bonne réponse. En vous proposant même d’en gagner.

Energiris se définit comme la “1ère coopérative citoyenne bruxelloise d’investissement en énergie durable” . Misant sur les défis que Bruxelles s’est lancés (12 % d’électricité verte en 2025) et reposant sur un cadre réglementaire stable bruxellois qui donne des certificats verts solides, cette coopérative propose un plan financier où tout le monde est gagnant.

Je vous explique tout cela en prenant ma commune comme exemple – c’est par elle que j’ai appris l’existence d’Energiris. Et que j’en suis devenu coopérateur, cela va sans dire.

568 panneaux solaires, ça en jette !

Ma commune, Jette, a installé 568 panneaux photovoltaïques sur cinq de ses bâtiments (une crèche, deux écoles, le centre technique et le centre administratif), sans débourser un euro !

Elle a fait appel à la société Blue Tree (un consortium dans lequel se trouve Energiris), qui s’occupe du financement et de l’installation, coûtant 212.000 euros. Cette somme est donc avancée par Blue Tree, dans laquelle les citoyens auront investi 44.000 € (via Energiris), ainsi qu’une banque. Blue Tree joue le rôle de “tiers-investisseur” pour la commune de Jette.

Alors, comment diable la banque et Blue Tree vont-elles récupérer la mise ? Et avec un bénéfice, qui plus est ?

Grâce aux certificats verts et à un calcul sur une projection des gains d’énergie. Car, sur 25 ans, ces 212.000 euros d’investissement auront rapporté 635.000 € de bénéfices, calculés comme suit :

  • 437.000 euros d’économie sur la facture d’électricité.
  • 244.000 euros de certificats verts.
  • Moins 46.000 euros de maintenance, assurée par Blue Tree durant 10 ans.

Le bénéfice net (on enlève les frais d’installation) est de 423.000 euros. Cette somme est donc un bénéfice pour Jette, constitué d’argent qu’elle touchera réellement (les certificats verts) et d’une baisse des dépenses (les économies d’énergies). De cette somme, la banque et Blue Tree en demandent une partie, pour laisser à ma commune un pactole de 330.000 euros.

Extrait de la présentation faite par Energiris

Energisis va ainsi faire un bénéfice de 28.000 euros sur 10 ans. Pour les 44.000 euros investis par la centaine de coopérateurs que nous sommes, cela revient à un taux d’intérêt de 10,5 % par an !

Des administrateurs bénévoles

En fait, je toucherai au maximum 6 % de dividendes, suivant la réglementation des coopératives agréées.

Mais y a-t-il un risque à placer son argent chez Energiris, qui n’existe que depuis 2014 ?

Ses administrateurs ont déjà les bons profils pour une telle entreprise. Et avec moins de 5.000 € euros de frais de fonctionnement pour 2014, ils montrent leur volonté de monter un projet de société plutôt que de chercher leur profit.

Concernant les risques d’investissement, quelques règles sont suivies, qui rassurent :

  • Energiris ne finance jamais seul un projet ;
  • elle ne le finance que si une banque est déjà impliquée dans le projet ;
  • elle diversifie et finance plusieurs projets plutôt que d’investir des grosses sommes dans moins de projets.

Si on regarde Ecopower qui existe depuis 12 ans, et a rassemblé 47.500 collaborateurs pour un capital de 48 millions d’euros, on peut penser qu’Energiris a un bel avenir.

Un tourbillon vertueux

En tant que coopérateur, je suis gagnant deux fois. Mon argent me rapportera plus d’intérêts que s’il était resté en banque. Mais en plus ma commune économisera. Et la commune, c’est moi.

Et puis celle-ci réduira ses émissions à effets de serre : même si la fabrication de panneaux a un coût environnemental, ce sont 25 années de réductions de rejet de CO2 qui s’annoncent, soit quelque 875 tonnes en moins.

Les performances de l'installation photovoltaïque de Jette
Les performances de l’installation photovoltaïque de Jette

Enfin, encourager l’industrie des nouvelles énergies, c’est supporter la transition énergétique. Voire même engager la sortie de crise, comme le prédisent certains économistes.

Ce n’est plus un cercle vertueux qui m’emporte, c’est carrément un tourbillon !

Ce n’est plus de la science-fiction

Grâce aux coopératives citoyennes, une Belgique 100 % renouvelable en 2050 ne serait pas de la science-fiction. Cette réalisation coûterait 300 à 400 milliards d’euros, alors que les citoyens belges disposent de 2.135 milliards en capital financier net et patrimoine immobilier. C’est donc là que se trouve le financement de la transition énergétique.

Rien que pour Bruxelles, ce serait 600 millions à investir, dont Energiris espère capter 2 % de part de marché, soit 12 millions.

Dans l’immédiat, Energiris a comme projet d’installer 3.000 panneaux photovoltaïques pour la commune de Schaerbeek, 1.000 panneaux photovoltaïques et un réseau de chaleur pour le quartier durable Tivoli.

C’est le moment de rejoindre la coopérative, où la mise minimum est de 250 € (une part). Il suffit de vous inscrire sur le site, et Ismaël Daoud – qui ne compte pas ses heures ! – s’occupera de votre dossier.

Ismaël Daoud explose les objectifs, lors du premier anniversaire d'Energiris
Ismaël Daoud expose les objectifs, lors du premier anniversaire d’Energiris

Voilà une belle occasion pour devenir un “acteur du changement” !

(une partie des chiffres exposés dans cet article provient de la l’exposé fait lors du premier anniversaire d’Energiris)

Energiris...

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Le livre "OGM pour ou contre", et derrière un champ de maïs Dekalb

OGM, pour ou contre ?

Les Organismes génétiquement modifiés, tout le monde s’en méfie. Est-ce justifié ? Voici un livre qui nous en apprend plus sur cette technique du génie génétique, et ouvre le débat entre le pour et le contre.

Un électricien face à un dirigeant du WWF

Le livre commence bizarrement : on y parle de l’évolution, de la Création, de Dieu, de l’Univers, de Gaya, de physique quantique… Mais fallait-il s’attendre à une autre entrée en matière de la part d’un éditeur appelé “Jouvence”, avec, dans son catalogue, des livres sur le développement personnel, les médecines douces, la spiritualité, l’alimentation, etc ?

Pourquoi pas après tout ? Car avant de plonger dans la polémique sur les OGM, ses auteurs s’interrogent sur le rôle de l’homme vis-à-vis de la nature. Jusqu’où peut-il aller ? Avec les OGM, ne prend-il pas la place du “Créateur” ?

Du reste, ils ont des avis divergents sur la question des OGM, ce qui nous donnent un débat instructif, dans une matière fort sujette à polémique.

Deux auteurs, deux avis

Pour défendre les OGM, nous avons Jacques Neirynck, professeur en électricité, journaliste. Je me demande ce qu’il vient faire dans ce sujet. Mais il est aussi membre du Conseil national de la Confédération suisse, où on devine que la question des OGM est débattue. Ses compétences apportent donc un point de vue scientifique et pragmatique sur la question.

À l’opposé, Philippe Roch, ancien dirigeant de WWF Suisse, secrétaire d’état à l’environnement. Il défend cette prudence, voire méfiance, vis-à-vis des OGM, comme pour la plupart d’entre nous.

Il y a en fait un troisième auteur qui, comme chez l’éditeur Le Mascelier, introduit le thème de chaque chapitre. Hélas on ne sait pas de qui il s’agit, et on espère qu’il a l’expertise pour rédiger des textes neutres et intègres.

Le livre "OGM pour ou contre", et derrière un champ de maïs Dekalb
“Quand la performance compte” : convaincu ?

Apprenti sorcier ?

Le premier chapitre nous explique, grâce à de nombreuses illustrations, comment fonctionne le vivant : la cellule, les cinq bases nucléiques définissant l’alphabet de l’ADN, les chromosomes, les gènes, les virus. À défaut de tout assimiler, on comprendra que cette science est complexe, et que tout n’est pas encore maîtrisé.

En page 46, on trouve cette définition très courte d’un organisme génétiquement modifié : “un organisme dont l’ADN a été modifié par l’homme” . On l’apprécie mieux en connaissant une règle générale de la nature : “En principe, les espèces et les cellules se protègent contre l’ADN étranger” .

Dès lors, avec les OGM, l’Homme ne joue-t-il pas à l’apprenti sorcier ?

Les partisans tel que Neirynck argumentent que “Sans les hommes, le blé, la vigne, le maïs, le chien, la vache n’existeraient pas, ou bien ils ne surgiraient qu’après beaucoup plus de temps et ne survivraient pas à la lutte pour la survie.” (p. 58) Cela fait dix mille ans que les paysans croisent plantes et animaux. Avec la génétique, on passe à la vitesse supérieure, tout simplement.

Sauf que cette nouvelle science “force la nature à accepter du matériel génétique provenant parfois d’espèces pour lesquelles elle-même n’offrirait aucune chance de contact.” répond Roch (p. 56) La nature se donne le temps d’évoluer, les ratages sont éliminés par la sélection naturelle. Et d’autres mécanismes d’évolution existent, que l’on découvre à peine. On n’a aucun recul pour connaître les conséquences de nos manipulations sur l’ADN.

Mais il ne faut pas rejeter tous les OGM pour autant. Il est important de faire une distinction entre les OGM utilisés en laboratoire (pour l’insuline pour les diabétiques, pour l’hormone de croissance, pour des vaccins…) et ceux utilisés dans l’agriculture : “Le problème, c’est la reproduction, la dissémination de caractères dangereux que l’on ne pourra peut-être plus contrôler […]” (p. 57)

Les plantes lumineuses d'Avatar : des OGM qui pourraient bientôt éclairer nos rues
Les plantes lumineuses d’Avatar : des OGM qui pourraient bientôt éclairer nos rues

Manger ou se nourrir

Pour Neyrinck, le refus de vouloir manger des aliments OGM est injustifié. Si c’est leur artificialité qui rebute, pourquoi ne rejette-t-on pas les médicaments ? Cette méfiance, qui existe en Europe et pas aux États-Unis, est d’ordre culturel : ici, on mange, et là-bas, on se nourrit !

Roch pense le contraire : “je suis content que la population, intuitivement, fasse davantage confiance aux médecins dont le but est de soigner le patient, qu’à Syngenta et Monsanto dont le seul but est de s’enrichir !” (p. 69)

Les américains n’ont donc pas peur des OGM, et y consacrent plus de terres que tous les autres pays cumulés. Alors en Europe, passe-t-on, encore une fois, à côté d’une opportunité ?

L’objectif de l’OGM en agriculture est, entre autres, une meilleure résistance aux parasites : soit que la plante résiste à l’herbicide éliminant les corps invasifs avoisinants, soit qu’elle sécrète son propre “venin”. Mais dans le premier cas, on n’utilise pas moins d’herbicides. Et dans les deux cas, on entame un combat sans fin avec des parasites qui développeront leur résistance.

Un autre objectif est d’enrichir la plante en vitamines, d’augmenter son pouvoir de nutrition, d’améliorer son goût. Mais ce but ne correspond pas à la réalité économique, qui vise plutôt la rentabilité, ce qui tend à réduire la diversité. Et si on en vient à enrichir du riz en vitamines A pour certaines populations, n’est-ce pas parce que les plantes qui le leurs procuraient ont été éliminées par l’agriculture industrielle ?

Quant à la question des meilleurs rendements des cultures OGM par rapport aux conventionnelles, ce n’est pas encore une certitude.

Le Terminator est là

Le fait que le développement des OGM soit dans les mains de l’industrie et non des États suscite la suspicion et empêche un débat serein sur le sujet. Les deux auteurs sont d’accord là-dessus.

Mais Neirynck est contre le principe de précaution et estime qu’il faut “courir des risques contrôlés” , ainsi que “limiter le pouvoir populaire et ne pas lui permettre d’intervenir.” (p. 101)

Malgré tout, il y a une invention qui forge mon opinion : le gène Terminator. Cet OGM donne des graines de seconde génération stériles, obligeant les agriculteurs à acheter des semences chaque année. Que l’industrie en vienne ainsi à détourner les mécanismes fondamentaux de la nature aux seules fins économiques en dit long sur l’avenir qu’elle nous réserve !

Et voilà pourquoi je ne vois aucun signe d’un monde meilleur avec les OGM. Et vous ?

Les OGM vont sauver le monde (et il y aura des frites !)

“OGM, pour ou contre ?”, Jacques Neirynck et Philippe Roch, 135 pages, Jouvence Editions

Les OGM, pour ou contre ?

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