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Mobilou vous présente "La nature n'a pas de prix"

La nature n’a pas de prix

Jusqu’où peut aller le néo-libéralisme ? Jusqu’à intégrer la biosphère dans son système économique : ce n’est pas de la science-fiction, on y est…

C’est vert, mais on n’en veut pas

Cela s’appelle le “capitalisme vert” ou “l’économie verte” : le mouvement ATTAC n’en veut pas, et nous l’explique dans son livre “La nature n’a pas de prix”, sous-titré “Les méprises de l’économie verte”.

Bien sûr, on ne peut pas s’attendre de la part d’un mouvement altermondialiste qu’il apprécie cette nouvelle tendance de notre monde – encore une qui hérissera le citoyen lambda comme moi. Mais leur ouvrage est structuré, clair et argumenté, et ne s’embarque pas dans des élans émotionnels ou slogans révolutionnaires…

Mobilou vous présente "La nature n'a pas de prix"
Attention % ATTAC !

Allons à Rio

Le livre commence avec un historique des tentatives successives pour résoudre nos problèmes d’environnement : de la sortie de la deuxième guerre mondiale à nos jours, les alertes écologiques se sont succédé, mais le courage politique a toujours manqué pour prendre des mesures efficaces.

C’est avec le sommet de Rio, en 1992, que prend forme l’idée d’un développement “durable”, fondé sur trois piliers : le social, l’écologie et l’économie. Mais c’est l’économie qui l’emporte, suivant la thèse que la croissance est nécessaire pour la protection de l’environnement. En conséquence “Le modèle de Rio s’est trouvé imprégné de l’idée selon laquelle seuls des biens privés peuvent être correctement entretenus” (p. 46).

Durable, et non soutenable

Depuis lors la biosphère tend à être  intégrée dans le système économique… Et voilà pourquoi le développement est “durable”, et non “soutenable” : en utilisant le premier terme à la place du deuxième, on a gommé les limites externes imposées par notre monde, qui est fini. C’est évident, bien sûr, tout comme le fait que notre organisation économique a un impératif d’accumulation infinie, nécessitant la création de nouveaux besoins et la réduction de la durée de vie des produits.

Alors, faire entrer nos ressources naturelles dans ce système ne signifie-t-il pas programmer leur épuisement ?

La croissance verte reste noire

Épuisement… et remplacement, voilà la réponse du capitalisme vert : les ressources qui deviennent rares deviennent plus chères, diminuant leur consommation et poussant l’industrie à chercher des produits de substitution (appelés “procédés techniques”). “Grâce au progrès technique, la croissance, verte maintenant, peut donc se poursuivre infiniment.” (p. 84)

Pourtant, en examinant la ressource la plus utilisée sur notre planète, à savoir le pétrole, on peut s’interroger sur la capacité de l’économie à gérer notre planète “en bon père de famille” ! Car malgré la fin annoncée de l’or noir, on persiste à le chercher sous d’autres formes (gaz de schiste, sables bitumineux) au prix d’une dévastation environnementale voire d’un désordre social. Tandis que les nouvelles énergies (les “substituts”) s’ajoutent à la consommation du pétrole, plutôt que d’y substituer. Quant aux agrocarburants, autre substitut, leur exploitation obéit à un intérêt financier, certainement pas humain !

La plus grande entreprise de la terre

En fait, la nature nous rend 3 services, sur lesquels le nouveau modèle économique est en train de mettre la main :

  • l’approvisionnement (aliments, énergie, construction…),
  • la régulation (climat, maladie, eau…),
  • la culture (dans le sens de la spiritualité, la récréation).

Il suffit donc de leur donner une valeur monétaire pour les intégrer dans le calcul économique. Ce chiffrement a déjà commencé sur la biodiversité, en vue d’un marché à l’image de celui sur les gaz à effet de serre !

Kompass : connect business to nature
Tous ces mots vont-ils bien ensemble ?

Spéculons sur les pandas

Finalement, aujourd’hui, qu’est-ce que l’économie verte a généré ? Voici quelques exemples : les agrocarburants, les marchés carbone, la privatisation de l’eau, les brevets sur le vivant, l’accaparement des terres.

Et aussi des sociétés financières dédiées à la biodiversité et aux services écosystémiques : “(les nouveaux produits financiers) pourraient inciter les agents économiques à spéculer sur la disparition d’espèces comme d’autres ont spéculé sur l’écroulement des subprimes.” (p. 101)

ATTAC attaque

Je vous laisse apprécier si tout ceci est bien ou pas, et je ne vais pas vous aider : ATTAC ne manque pas d’arguments pour démonter ce système (je n’ai qu’effleuré leurs explications), mais il met aussi en cause des ONG jouant dans cette nouvelle économie. Le WWF, encore lui, est en tête de la liste noire : j’ai du mal à m’imaginer que pareille institution prend une mauvaise voie (ou joue sur plusieurs tableaux ?).

Voilà qui me pousse à en savoir plus, plutôt que de refuser en bloc toutes les idées de l’économie verte…

“La nature n’a pas de prix”, ATTAC, éditions LLL (Les Liens qui Libèrent), 151 pages

"Laissons-donc les entreprises et le marché apporter leurs réponses au dérèglement climatique !" (p. 65, résumant les propos de l'European Round Table of industrialists)

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ExtraPaul lit l'enfermement planétaire

L’enfermement planétaire

Bon, je ne vois toujours pas la construction d’un grand vaisseau qui nous ferra quitter cette planète (on a juste une sonde arrivée sur Mars) : il va falloir continuer sur cette terre. Mais sommes-nous capable de gérer notre avenir ?

Le ciel va nous tomber sur la tête

André Lebeau prend de la hauteur par rapport au genre humain (étant scientifique dans le domaine spatial et météorologique, quoi de plus normal ?), et analyse son comportement par rapport aux défis qui l’attendent.

Lebeau se positionne clairement à l’opposé des géographes ayant écrit “Le ciel ne va pas nous tomber sur la tête” : même si, par le passé, Malthus ou Meadows se sont trompés dans leur prévisions alarmistes, c’est une question de temps avant que nous rendions cette terre invivable. Certes, il y a les progrès techniques, grande inconnue dans les modélisations de notre avenir, mais cela n’y changera pas grand-chose.

On ne sera pas muté

L’homme s’est toujours mis en danger, par ses guerres, la création de virus, l’arme nucléaire. Mais ce ne sont que des menaces ponctuelles, ne mettant pas en danger l’humanité. Tout comme les catastrophe naturelles : éruptions volcaniques, tempêtes, tsunamis. 200.000 morts ? La démographie mondiale a été retardée de 1 jour !

Par contre, en impactant sa biosphère, l’homme programme son extinction à petit feu et de manière globale. S’il persévère ainsi, il a deux autres possibilités pour survivre :

  • conquérir d’autres mondes. Mais l’homme n’est même pas capable d’habiter dans les parties inhospitalières de la terre !
  • changer son organisme pour s’adapter aux futures contraintes. Si c’est possible, seule une élite en profitera.

Non, décidément, nous sommes bien condamnés à rester sur cette terre, en l’état. L’auteur analyse alors le fonctionnement de notre société et de nos cultures, car, comme le dit Jarred Diamond (dans son ouvrage “Effondrement”, page 495), “il est douloureusement difficile de décider qu’il faut abandonner certaines de ses valeurs centrales quand elles semblent devenues incompatibles avec la survie” .

Nous avons donc quelques problèmes à résoudre, dont voici les trois principaux…

ExtraPaul lit l'enfermement planétaire
L’enfermement planétaire, est-ce la même chose que la ruine planétaire ?

Tous patriotes : ça ne va pas nous aider !

Maintenant que les frontières sont établies, les pays ne peuvent plus résoudre leur crise en envahissant de nouveaux territoires. Au contraire, ils sont devenus interdépendants entre eux, échangeant nourriture, énergies, matières premières. Quoique le mot “échange” est plutôt gentil : on pourrait aussi parler d’exploitation des pays du tiers-monde par les pays riches.

Mais alors que nous parlons de “mondialisation”, les gens s’identifient toujours à leur nation : l’intérêt de celle-ci prime sur le futur de l’humanité. Et ce n’est pas le pays le plus puissant du monde qui va montrer l’exemple : les Etats-Unis font capoter toute tentative d’une gouvernance mondiale en protégeant son économie, et en imposant un libéralisme qui ne profite pas à tout le monde.

D’ailleurs, finalement, n’est-ce pas ce dernier qui dirige le monde ?

Le libéralisme risque l’enfermement

Promis juré, je ne voulais pas vous en parler, du libéralisme ! Encore lui ! Mais comment le taire, alors que cette économie ne vise que le court-terme ?

Pour Lebeau, voilà bien le dogme qui va nous envoyer droit dans le mur, c’est sûr, c’est juste une question de temps. Hélas, comme “on ne connait aucune alternative à l’économie libérale dont la viabilité soit démontrée” (page 318), la dictature de la croissance risque de continuer, ce qui nous mènera à une crise majeure ! Et qui dit crise, dit révolution. Peut-être un mal nécessaire…

Notons que si le libéralisme permet la libre circulation des capitaux et matières, il ne le permet pas pour les hommes. Si ça ce n’est pas chercher les problèmes…

La liberté risque l’enfermement

Pour l’auteur, le développement de notre société, de nos démocraties, de nos libertés, nous conduisent aussi à l’enfermement planétaire. Car, dans une certaine mesure, dans les pays les plus avancés, nous sommes libres de faire des enfants, libres de consommer et gaspiller ce qu’on veut, et libres de penser que l’humanité n’est pas en danger.

Et le gouvernement ne peut rien nous imposer, sous peine de verser dans la dictature. D’ailleurs il pourrait déjà hériter de cette étiquette en influençant nos comportements par des campagnes d’informations : la comparaison avec la propagande nazie est vite faite.

Dès lors, dans le monde “libre”, on ne peut que miser sur une prise de conscience : elle est en route, les ONG et l’abondance d’informations nous y aident. Cela peut nous conduire à une évolution (contre la révolution, citée plus haut), mais l’issue en est vraiment incertaine…

Du sang, de la sueur et des larmes

Ce livre a l’intérêt de s’inquiéter de notre futur par rapport au comportement de l’homme, et non par rapport à des projections techniques, démographiques, etc. Car comme l’a montré Jarred Diamond (“Effondrement”, cité à maintes reprises dans ce livre), des sociétés se sont déjà effondrées, faute d’avoir pu changer leur mode vie pour s’adapter à un environnement de plus en plus contraignant.

Et l’auteur est clairement dans le camp des pessimistes, car sa projection porte dans un futur indéterminé, au-delà de 2050, année à laquelle s’arrêtent les optimistes.

Laissons donc André Lebeau conclure cet article comme il conclut son livre : “Lorsque la nuit du Nazisme s’étendait sur l’Europe, mieux valait Churchill promettant à son peuple du sang, de la sueur et des larmes que les discours lénifiants de ceux qui serinaient aux Français : Nous vaincrons parce que nous sommes les plus forts.”

“L’enfermement planétaire”, par André Lebeau, Folio, 372 pages

"La plus grande des menaces qui pèsent sur l'humanité est celle qui résulte de sa division en Etats gardiens des intérêts et des privilèges de leur peuple comme de l'intégrité de leur territoire"

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ExtraPaul écoute A Flash Flood of Colour

Enter Shikari, enter Zeitgeist

Je ne peux tout simplement pas être d’accord que nous sommes civilisés. Agissant comme si cette terre est infinie, c’est un échiquier de mensonges” nous chante Enter Shikari. L’occasion est trop belle pour parler d’un groupe de musique. Mais il faut dire que ça va plus loin…

Enter quoi ?

“Enter Shikari” est un groupe électro-metal que je suis depuis (presque) leur début, et on peut dire, en écoutant leur troisième album studio “A Flash Flood of Colour” , qu’ ils ne sont pas vraiment contents de l’état du monde. Les guerres, le pétrole, l’état de la planète, l’effondrement du système, etc : les 11 chansons incitent au changement voire à la révolution.

ExtraPaul écoute A Flash Flood of Colour
ExtraPaul écoute la contestation en chansons

Les groupes consacrant une chanson à la contestation ne sont pas rares, mais de là à en faire tout un album, ces jeunes-là veulent vraiment faire changer les choses. Et pour  montrer leur engagement, ils mentionnent ce site sur leur pochette : thezeitgeistmovement.com.

Ah, le mouvement Zeitgeist, il ne m’est pas inconnu…

Esprit du temps

Zeitgeist veut dire en allemand “Esprit du temps”, plus particulièrement l’esprit culturel, intellectuel, éthique, spirituel et politique d’une société. Un mot qui représente bien ce mouvement, né en 2008 et présent dans presque 50 pays : il se veut apolitique, sans religion, faisant table rase des dogmes qui dirigent notre monde, ceux-ci jugés inefficaces et engendrant conflits et injustices.

Le mouvement en appelle à une prise de conscience de notre monde, à établir une économie basée sur la gestion durable de nos ressources, à considérer tous les hommes de notre terre comme un seul peuple.

Pour y arriver, la science est mise à contribution : le monde ne sera plus dirigé par des politiques, mais par des technocrates rigoureux qui mettront en pratique la maîtrise scientifique dans des domaines comme la sociologie, la gestion des ressources et des énergies.

En fait, le monde proposé par le mouvement Zeitgeist est high-tech, respectueux de la nature et humaniste. De la science-fiction ?

Le monde selon Jacque Fresco

Derrière toutes ces idées, on a un ingénieur, designer industriel et futuriste américain : Jacque Fresco. Dans les années 70, il lance le projet Venus, la base de tout ce qui est dit plus haut. Et on ne peut pas dire que notre homme manque d’imagination : les villes seront circulaires, le gouvernement sera cybernétique, les constructions utiliseront les matériaux à mémoire, les véhicules seront automatisés, etc.

Le monde de Fresco est vaste et ne manque pas d’images, maquettes et films d’animation pour l’exposer : visitez le site et vous découvrirez un univers aussi complet que Star War ! Ou presque…

Mobilou et Jacque Fresco
Mobilou vous montre les projets de Jacque Fresco

Bien-sûr tout cela ressemble à une utopie. Mais celle-ci trouve des sympathisants de par le monde, et donne une réponse aux gens qui veulent totalement changer notre société…

Hélas il faut le reconnaître : cette vision est typiquement dans l’esprit occidental, imaginé comme si tous les hommes de la terre vivaient de la même manière et avaient la même culture (mais peut-être que les pays en voie de développement veulent vivre comme nous, et donc tendre à ce futur idéal ?). C’est un projet pour repartir à zéro, sur une nouvelle planète : la deuxième terre qui nous consommons déjà virtuellement !

Allons de l’avant

En fait, c’est par un film que je découvris le projet Venus, l’année passée : “Zeitgeist : moving foward”. Avec une esthétique soignée, parfois des animations qui nous rappellent “The Wall”, ce document de… 2h41 !, fait le bilan de notre société, de l’histoire du système économique, pour nous amener, sur son dernier tiers, à la présentation du Projet Venus.

Ce film est en exploitation libre sur le web, sous-titré, alors ne vous privez pas de le regarder. Sa longueur s’explique par le nombre de sujets abordés, mais le montage rend tout cela dynamique et passionnant.


Bande-annonce de “Zeitgeist : moving forward”

Pour ma part, j’avais commandé le DVD. Non pour avoir un chapitrage, qui n’existe pas !, mais pour le faire circuler après l’avoir vu confortablement dans mon salon. Et à l’heure qu’il est, il passe encore de main en main : je crois même qu’il a été projeté dans une classe d’étudiants en sciences sociale !

Allez, “It’s in your hands now, whose future ?”, nous écrit Enter Shikari…

Le projet Venus...

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