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Mobilou écrasé par les accusations de Nicolino

Qui a tué l’écologie ?

Voilà un livre que j’avais à l’œil depuis un certain temps, mais son titre ne me plaisant vraiment pas, j’ai mis longtemps à me décider à le lire !

Qui a tué l’écologie ? A lire la couverture : Greenpeace, WWF, Nicolas Hulot, entre autres. Soit 3 acteurs de la cause que je respecte et salue pour leurs actions…

Un journaliste sans concession

Fabrice Nicolino, à qui on doit ce pamphlet, est journaliste (Géo, Charlie Hebdo, Le Canard Enchaîné…), romancier, et auteur de quelques publications comme “Pesticides, révélations sur un scandale français” ou “La faim, la bagnole, le blé et nous”. Ces deux titres résument parfaitement le domaine de Nicolino : celui de dénoncer des pratiques destructrices de notre environnement, mais aussi de critiquer nos habitudes, et de juger sans concession des attitudes faussement écologiques.

Né en 1955, notre journaliste semble avoir vécu le début de l’écologie avec enthousiasme, côtoyé de près certains acteurs du mouvement, mais aujourd’hui que l’écologie s’est institutionnalisée, voire professionnalisée, il est amère et critique.

Mobilou écrasé par les accusations de Nicolino
Mobilou écrasé par les accusations de Nicolino

Le Grenelle, la grosse farce

Souvenez-vous, c’était le 25 octobre 2007 : Nicolas Sarkozy prononçait son discours à l’issue du Grenelle de l’Environnement. Un chef d’État nous parlant d’une révolution écologique et des mesures prises pour y arriver : j’en avais l’arme à l’œil ! Le “new deal écologique” était lancé et la France allait montrer l’exemple…

Hélas, j’étais aussi naïf que Nicolas Hulot ainsi que des milliers d’autres activistes ou sympathisants : le Grenelle n’a accouché que de “propositions” qui deviendront un projet de loi “Grenelle 1”, qui n’est qu’un “habillage peinturluré d’une société qui ne veut évidemment pas changer d’un iota” (p. 204). Car à force de pression et de lobbying (eh oui, on en parle à nouveau !), tout ce qui est sorti du Grenelle a été revu à la baisse : la fondation Nicolas Hulot a donc claqué la porte, et les écologistes ont repris le combat en ayant l’impression d’avoir été roulé dans la farine !

Mais Nicolino est encore plus sévère : pour lui le Grenelle était déjà une grosse farce, mise en scène pour faire croire à une “droite écologique”, un greenwashing du gouvernement Sarkozy. La plupart des participants n’avaient aucune légitimité pour participer à ces tables rondes : politiques sans fibre écologique, ONG trop consensuelles, industries aux intérêts contraires à l’environnement…

Des portraits peu glorieux

Prenant le Grenelle comme point culminant de l’aveuglement écologique, Nicolino nous retrace l’histoire des gens et ONG qui s’y sont rencontrés, et c’est tout l’objet de son livre. Je résume en quelques points les 300 pages du travail d’investigation de Nicolino : Greenpeace a perdu son authenticité et ne s’approprie certaines causes que quand elles deviennent populaires ; le WWF a eu des dirigeants au passé douteux, et copine avec l’industrie des agro-carburants ; la Fondation Nicolas Hulot a à sa tête un grand naïf, tombé sous le charme des politiques, et la direction n’est pas composée des bonnes personnes ; France Nature Environnement est au service de l’État français.

On a aussi droit au parcours d’une brochette de politiques français, qui se trouvent une fibre écologique de circonstance, mais qui, après le Grenelle, passeront vite à d’autres affaires…

Au passage, Yann Arthus Bertrand et ses reportages conciliants sont égratignés, et toute une série d’auteurs passent à la trappe de la littérature inutile voire toxique.

Le livre qui tue l’écologie

On l’aura compris, Fabrice Nicolino est un combattant, un dur, intransigeant : le passé des héros doit être irréprochable, aucun financement ne peut venir d’une industrie non éthique, aucune discussion n’est tolérée avec l’ennemi. Il ne veut pas d’avancées par petits pas, il demande la révolution.

Son discours, qu’il poursuit dans son blog très instructif et fouillé, divise le milieu écologique, évidemment. Car les grosses ONG sont plus dans la méthode douce que dans la confrontation, et, en effet, elles organisent des tables rondes avec les destructeurs de notre planète, essayant ainsi de réduire les dégâts… Hélas, foudroyant ainsi ces grandes associations, leurs sympathisants, volontaires et activistes de terrain se sentent injuriés par les propos de notre journaliste.

Une question de point de vue

Je comprends le point de vue de Nicolino : il était dans l’écologie avant que cela ne devienne une mode, une étiquette utilisée pour tout et n’importe quoi, un mouvement auquel n’importe quel bobo croit appartenir parce qu’il utilise des ampoules économiques…

Tiens, un bobo avec une ampoule économique : mais c’est moi !

D’où ma réflexion :

1) Sans le financement par les industries, les émissions de Nicolas Hulot et Y.A. Bertrand n’auraient pas existé, et moi, citadin qui ne voit comme nature que mon jardin et les champs de l’autre côté du ring, je n’aurais pas eu un neurone préoccupé par notre planète – du moins, pas si vite. Alors, la non existence de ceux-ci aurait-elle servi la cause environnementale ?…

2) Les grosses ONG devraient-elles disparaître parce qu’elles sont devenues des sociétés cherchant profit, dirigées par des managers sans fibre écologique, et qui parfois ont des écarts de conduite ? Mon sentiment est que leur pouvoir d’information, leurs moyens, leur taille et les milliers d’activistes constituent un bon contre-pouvoir…

La critique est permise

Néanmoins, ce livre a le mérite d’exister : je ne dirais pas, comme certains critiques, que c’est une honte parce qu’il injurie et démotive les troupes, au moment où les questions environnementales ont besoin de combattants. Ce n’est pas un argument pour rejeter l’esprit critique. En ce qui me concerne, ce document a noirci le tableau – mais je suis un grand naïf donc c’était prévisible !

Le travail de Nicolino est fouillé et sans compromis : c’est un livre qui fait mal, à rebrousse-poils, qui aiguise l’esprit critique. Le juger sans le lire n’est pas permis. A bon entendeur…

Fabrice Nicolino répond aux deux questions suivantes : 1) Faut-il supprimer les ONG environnementales ? et 2) Ce livre vous a fâché avec du monde ?

“Qui a tué l’écologie ?” par Fabrice Nicolino, 307 pages, édition Point.

Les grandes ONG comme Greenpeace et le WWF...

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La fin du travail : ouf je suis arrivé à la fin

On ne me voit pas le lire mais si, je l'ai bien lu !

Ouvrage très complet et documenté, il est sans doute captivant pour des étudiants en droit social (remarque non anodine puisque c’en est précisément un qui me l’a prêté), mais peu passionnant pour le néophyte que je suis. Je parle de “La fin du travail”, par Jeremy Rifkin.

Ayant fait grand bruit lors de sa parution en 1995, l’ouvrage ne me paraît intéressant aujourd’hui que par sa préface (analyse par Michel Rocard) et ses postfaces, où l’on trouve des avis pour et contre les thèses de Rifkin.

Pour résumer, celui-ci analyse la perte de travail initiée par notre monde moderne, mécanisé et régit par le rendement : même les nouvelles technologies n’absorbent pas le trop plein de travailleurs abandonné par l’automation et les spécialisations. La solution serait de privilégier un “tiers secteur” : celui des services – actuellement le bénévolat et les ONG – qui prendrait un statut plus officiel et reconnu. Et qui bénéficierait d’une rémunération : en fait l’argent qui serait normalement octroyé aux chômeurs mais qui trouveraient ici une nouvelle valeur dans la société.

Le problème est que presque 20 ans plus tard, on s’attendrait à ce que les analyses de Rifkin se traduisent par un taux de chômage énorme. Mais en lisant l’ouvrage dans le métro, je relevais mon nez pour constater que nous étions encore bien nombreux sur le chemin du travail…

Certes il y a de plus en plus de chômeurs : mais est-ce vraiment dû aux améliorations dans l’efficacité du travail ? Qu’en est-il de la délocalisation du travail dans les pays du sud, des travailleurs mis sur carreau suite aux fusions et dégraissages à des fins spéculatives ? Rifkin m’a donné l’impression de ne pas vraiment mettre en cause les dysfonctionnements et injustices sociales qui déséquilibrent la répartition du travail ! Est-ce qu’en 1995 on n’avait pas encore la conscience de la mondialisation ?

Toujours est-il que je reprocherai à Rifkin le même défaut qu’aux économistes (et on sait comment les économistes sont appréciés par les gens tenant des blogs comme celui-ci !) : celui de théoriser sur notre monde complexe et imprévisible – imprévisible car régi par des hommes !

Il n'y a plus assez de travail pour tout le monde ?

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