Archives par mot-clé : eau

Allez vous rhabiller… responsable !

Non, s’habiller éthique et responsable ne veut pas dire ressembler à un hippie ou un soixante-huitard en tricot ! Suivez-moi : pour une fois je vais vous inciter à consommer…

De belles éthiquettes

L’année 2013 a été révélateur du peu d’éthique présent derrière la plupart de nos vêtements (et ce n’est pas faute de vous avoir prévenu). Deux exemples : la catastrophe de Dacca, et Abercrombie & Fitch qui pousse le marketing à son paroxysme.

Voilà qui me donne peu de plaisir à renouveler ma garde-robe – déjà que je ne suis plus adepte du shopping !

Heureusement, certains créateurs sont soucieux d’éthique, et me donne une belle occasion de me rhabiller.

Sweat Greenwish, t-shirt Armedangels
Sweat Greenwish, t-shirt Armedangels

Mais qu’est-ce qu’un vêtement éthique ? Pour la plupart des marques que je porte ici, les points suivants sont respectés :

  • matière première issue de l’agriculture biologique ;
  • produits les moins polluants possible, en particulier des teintures naturelles ;
  • matières issues du recyclage ;
  • conditions descentes et paiement correct des travailleurs.

Allez hop, j’enfile mes habits et me fais modèle, photographié par Gérard Lambot.

Greenwish, vert et belge

Greenwish est belge, et le “vert” est son cheval de bataille : leur charte est impressionnante !

Ils font des tee-shirts, des polos, et des sweat-shirts, comme celui que je porte tout le temps : regardez bien la prochaine fois que vous me voyez…

T-shirt Armedangels
T-shirt Armedangels

On ne peut les acheter que sur internet, mais parfois la marque est présente sur certains ‘événements. Hélas l’agenda sur leur site n’est pas à jour : suivez-les plutôt sur Facebook.

Armedangels, pensée organique

Armedangels est une marque allemande, bio et fairtrade. C’est par hasard que je suis tombé sur elle, chez Today is a good day : un magasin de mode qui prend les éco-chèques.

Allez donc visiter le site de Armedangels : leur choix de vêtements est énorme, allant du t-shirt au jeans.

Nudie, la vérité nue sur les jeans

Voilà une marque qui soigne son image, et quand vous êtes dans leur jeans, reconnaissable au grand “N” sur l’étiquette arrière, vous êtes fier de porter du “sustainable”.

Jeans Nudies, chaussures Não
Jeans Nudies, chaussures Não

Il faut dire que le fascicule (en papier recyclé, évidemment) attaché dans la poche arrière droite vous met en condition : la marque suédoise vous explique le processus de fabrication, tout en vantant les mérites de porter un jeans usé et… réparé ! C’est simple : en Suède, certains magasins font la réparation gratuite…

Cette marque est distribuée dans quelques magasins en Flandre.

Não, travail respectable

Quand vous entrez dans un magasin de Não do Brazil, vous tombez sur un festival de couleurs : les chaussures s’alignent (une étagère par pointure), tous de même modèle, mais d’habillage différent. Chaque paire est unique !

Créé par un français et un brésilien, la marque tient le discours suivant : “La loi Brésilienne interdit le travail des enfants. Les chaussures NÃO sont fabriquées artisanalement, sous notre contrôle, par des adultes dans nos ateliers et cousues à la main dans certains quartiers défavorisés de la région du Minas Geraïs au Brésil.

On trouve plusieurs magasins en France, par exemple à Lille, et je vous recommande de vous y rendre plutôt que de commander en ligne : les pointures sont approximatives. Ben oui, je vous disais que c’est artisanal !

Lonesome George & Co, agent du changement

ExtraPaul habillé en Lonesome Georges & Co
T-shirt Lonesome Georges & Co

Avec cette marque équatorienne (ou américaine ? je n’arrive pas à savoir), on est carrément dans l’action sociale. Son cheval de bataille la défense de la nature (Lonesome Georges est le nom d’une tortue des Galápagos, dernière représentante de son espèce et éteinte en 2012). Elle désigne ses clients comme des “agents du changement”.

En plus de vendre des vêtements en coton bio et d’avoir une ligne de fabrication éthique, la marque investit une partie de ses bénéfices dans l’éducation et la prise de conscience des problèmes environnementaux : c’est même une mission majeure sur leur site.

Jeans Kuyichi
Jeans Kuyichi

Il y a quatre magasins… aux Galápagos et en Équateur… C’est loin ! Mais vous pouvez commander par Internet.

Kuyichi, socialement responsable

Kuyichi est… hollandais (vous l’aviez deviné ?). À en croire leur site, ils seraient précurseur dans le “fashion” responsable. Leurs engagements sont nombreux, parmi lesquels le polyester récupéré des bouteilles en plastique, un code de conduite pour les travailleurs, le colorant naturel…

La marque est distribuée dans quelques magasins d’Europe, on peut commander sur Internet, et parfois on la trouve sur des sites de vente “outlet”.

Victime enthousiaste

Voilà, je conclus mon défilé, sans avoir montré mes dessous

Je ne vais pas vous le cacher : ces vêtements coûtent un peu plus que la normale, en particulier les jeans. Mais si on veut être acteur du changement, il faut y mettre de sa poche, et cela tant que l’économie durable n’est pas la norme.

T-shirt Lonesome George & Co et ceinture en pneu !
T-shirt Lonesome George & Co et ceinture en pneu !

On peut aussi mettre en doute le discours de ces marques, et se demander si je ne suis pas leur victime enthousiaste, aveuglé par du greenwashing ? Eh bien, je fais confiance à ces jeunes sociétés, fondées autour de principes durables, et me méfie des grandes marques qui essaient de se refaire une image.

En tout cas, j’ai un grand plaisir à porter ces griffes, ainsi que de participer à une économie respectant mes valeurs.

Et vous, avez-vous des marques à me faire découvrir ? Dites-le dans les commentaires…

S'habiller responsable...

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ExtraPaul devant le Solucar (Espagne)

100 pionniers pour la planète

Sous-titré “Des solutions pour une croissance verte”, voici encore un livre porteur d’optimisme, de ceux qui me font sortir de la noire vallée du pessimisme…

Encore un tour du monde

Deux jeunes qui font le tour du monde pour faire le bilan dans un domaine, on commence à avoir l’habitude ! Cette fois ce sont Dimitri Caudrelier et Matthieu Roynette, jeunes ingénieurs, qui s’y collent : ils sont partis à la rencontre des gens innovant dans les solutions bonnes pour la planète – et pour leur business aussi !

L’ouvrage est dans la continuation de “80 hommes pour changer le monde” , avec un bonus que j’ai trouvé très instructif : chaque article (la visite d’une entreprise ou d’un projet) est suivi d’un avis d’expert dans le domaine. C’est ainsi que l’enthousiasme des jeunes auteurs se trouve parfois contrebalancé par une analyse plus globale, plus objective.

Les problèmes de demain

Prenons l’exemple de Nanosolar, société située dans la créative Silicon Valley. Celle-ci veut réduire les coûts de fabrication des panneaux solaires. Après huit années de recherche et des centaines de millions de dollars dépensés, elle a trouvé le truc : imprimer la couche photovoltaïque. Grâce à ce procédé, les panneaux sont bien meilleurs marchés, en plus d’être souples…

Voilà pour la partie “la technologie nous sauvera”. Car suit l’analyse d’un spécialiste des technologies solaires, qui nous apprend que l’alliage CIGS de ces panneaux souples contient de l’indium, un métal rare, et du cadmium, un métal toxique. Et de nous rappeler l’adage : “Les solutions d’aujourd’hui sont les problèmes de demain” !

Tous les chemins mènent à Güssing…

Quittons la Californie est ses solutions high-tech pour une petite ville en Autriche : bienvenue à Güssing, ses 4.500 habitants et son maire visionnaire qui, voyant le déclin de sa région, prit la décision dans les années 90 de faire passer sa municipalité à 100 % d’énergie renouvelable. Un pari tellement bien réussi qu’aujourd’hui la ville produit plus que ce qu’elle consomme. Elle a même relancé son économie en attirant une cinquantaine de sociétés, la plupart évidemment en rapport avec le renouvelable.

Güssing est donc un modèle en matière d’autonomie énergétique (et de zéro émission carbone), et de relance économique grâce au renouvelable. Elle attire des délégations du monde entier, et ce sont quelques 400 personnes qui viennent chaque semaine recevoir les conseils et explications prodigués  par le Centre européen des énergies renouvelables, mis en place spécialement pour répondre à la demande.

… et à Terneuzen aussi

Ah, que ce voyage autour du globe est enthousiasmant : il nous donne l’impression que le monde est en marche vers une autre économie qui, comme la nature, fonctionne en cycles.

Comme à Terneuzen, Pays-Bas, où l’usine Dow Chemical récupère ses propres eaux usées, ainsi que celles de la ville, pour les étapes de fabrications demandant de l’eau pure : c’est moins énergivore que de prendre de l’eau de la mer, et c’est gagnant aussi pour la ville qui devait, auparavant, épurer l’eau avant de l’envoyer dans le fleuve.

Tiens, et à Borlänge (Suède), c’est l’eau chaude industrielle qui sert à chauffer la ville !

Pour une fois, on pourra dire que c’est bien d’avoir une usine près de chez soi !

ExtraPaul devant le Solucar (Espagne)
ExtraPaul en pèlerinage à Sanlucar la Mayor, avec 100 pionniers

Ça pompe et ça turbine

On comprend aussi que les énergies de demains fonctionneront grâce à l’interconnexion de plusieurs solutions techniques – et non par le développement massif d’une seule.

Ainsi, en Allemagne, la ville de Kessel sert de terrain d’expérimentation pour les énergies renouvelables, avec le projet Kombikraftwerk, mêlant éolien, solaire, hydraulique et biogaz. Mais la clé du succès, c’est son système de stockage d’énergie, plutôt original : un barrage à pompage-turbinage. Le principe est ridiculement simple : pour stocker l’énergie, on pompe l’eau d’un bassin inférieur vers un bassin supérieur – cela se fait en cas de surplus de la production électrique. Et quand on veut utiliser cette énergie, on laisse écouler l’eau du bassin supérieur vers l’inférieur, qui passe par des turbines, comme dans un barrage classique.

Être payé pour moins consommer

Bon, je me suis emballé pour des innovations à grande échelle, mais ce tour du monde nous fait aussi découvrir…

  • des idées simples (le Solatube, qui amène la lumière du jour dans votre salon),
  • des entrepreneurs déterminés (Jan de Koning a tout abandonné pour mettre au point, dans son petit atelier, un dessalinisateur donnant 40 litres d’eau pure pour 100 litres d’eau de mer… en utilisant le soleil !),
  • des connaissances qui se partagent (l’ONG Sociedade do Sol a pour première vocation… de diffuser le manuel de fabrication d’un chauffe-eau solaire !),
  • des agros-industriels qui se remettent en question (le groupe brésilien Balbo, trois millions de tonnes de cannes à sucre par an, a redressé son activité  en passant au bio),
  • et des solutions… inattendues (Enernoc est l’intermédiaire entre des fournisseurs d’électricité prêts à payer pour éviter des pics de consommation… et des clients prêts à réduire leur consommation au moment des pics, contre rémunération !).

Secouons-nous

Voilà pour quelques échantillons de ces belles entreprises : le livre datant de 2009, les choses ont un peu évoluées depuis lors. Mais j’ai pu retrouver la plupart d’entre elles sur le web, et elles se portent bien : les deux auteurs ont bien dénichés des projets qui tiennent la route.

Même si tout n’est pas encore gagné.

Car beaucoup de sociétés se développent à fond perdu, durant des années, avant de prendre leur envol. Certaines bénéficient de la fortune de milliardaires (Tesla Motors, les voitures électriques haut de gamme), et d’autres ne peuvent démarrer que par une volonté politique.

Laissons la conclusion, pleine d’espoirs, à Dimitri et Mathieu : «Les solutions existent. Elles sont ici, elles sont en marche, elles tournent, elles roulent mais elles demandent, pour être mises en place, une énorme et tenace volonté de chacun. Le mode d’emploi, chacun le connaît. C’est de nous secouer. Et vite !».

“100 pionniers pour la planète”, Dimitri Caudelier & Matthieu Roynette, 356 pages, JC Lattès

"Les gouvernements ont cette fabuleuse capacité de pouvoir faire les choses en grand. Une loi, et un marché entier est boosté, freiné, réorienté." (p. 334)

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Les guerres de l’eau

Beaucoup d’analystes le disent : l’eau sera l’enjeu du XXIème siècle. Pourrait-il y avoir des guerres pour cette ressource ? En fait, ça chauffe déjà bien dans certains coins de la planète…

Ça bouillonne ferme

(c) Adam Nieman
© Adam Nieman

De toute l’eau de la terre, l’homme ne sait utiliser que 0,02 % : on parle d’eau douce, dans nos rivières et nos nappes phréatiques. Cela vous semble peu ? Eh bien cela fait malgré tout 6.900 m3 par personne et par an ! Voilà pour la bonne nouvelle.

Et maintenant la mauvaise : cette eau n’est pas correctement répartie, dans l’espace… comme dans le temps. Par exemple, les crues n’arrivent pas toujours au bon moment, d’où l’utilisation de barrages, qui peuvent désavantager des pays en aval, créant un conflit entre voisins.

Ce genre de problème, c’est justement l’objet du livre de Frédéric Lasserre, directeur de l’observatoire de recherches internationales sur l’eau de l’université de Laval au Québec : si nous n’en sommes pas encore à des “guerres” de l’eau, la géopolitique bouillonne déjà sur cette ressource. Et, pression démographique et réchauffement planétaire aidant, ce n’est pas prêt de s’améliorer !

Là où ça chauffe

Si en Europe l’or bleu ne nous donne pas trop de soucis, ce n’est pas le cas du reste du monde. Voici les points chauds expliqués par notre géopoliticien de l’eau :

  • Israël doit partager le Jourdain avec la Jordanie, tandis que la Syrie aimerait récupérer le plateau du Golan.
  • La Syrie, l’Irak et la Turquie se disputent le Tigre et l’Euphrate.
  • L’Égypte se montre agressive vis-à-vis des pays en amont du Nil (Soudan, Éthiopie, Ouganda, Kenya…) qui aimeraient toucher aux affluents. “Le seul facteur qui pourrait déclencher l’entrée en guerre de l’Egypte est l’eau.” (Sadate en 1979)
  • Les Etats-Unis, en particulier l’Ouest américain, mènent un train de vie qui surexploite leurs réserves en eau. Des conflits existent localement, et le pays aimerait acheter de l’eau au Canada.
  • L’Inde et le Pakistan construisent des barrages pour irriguer les terres à partir de l’Indus. Le problème est qu’ils ne sont jamais d’accord sur les installations de l’un ou l’autre, et l’ONU ou la Banque Mondiale doivent intervenir avec des traités.
  • Qui plus est, en Inde, deux états se disputent le fleuve Cauvery : le Tamil Nadu et le Karnataka. Depuis l’époque coloniale, chacun se croit dans son droit, et arbitrages et procès ne mènent à rien.
Source : F. Lasserre, L’eau, enjeu mondial. Géopolitique des ressources en eau, Le Serpent à Plumes, Paris, 2003, p.77
© F. Lasserre

L’agriculture a soif

A travers le monde, l’agriculture absorbe plus de 70 % de toute l’eau mobilisée pour satisfaire les besoins des sociétés humaines.” (p. 57)

Contrairement à une idée reçue, ce n’est donc pas l’industrie qui en consomme le plus, car celle-ci fait surtout un prélèvement : l’eau utilisée est évacuée – hélas avec une certaine pollution, ce qui n’arrange pas nos affaires, concédons-le !

Comme l’agriculture ne représente plus qu’un faible pourcentage du PIB dans la plupart des pays, c’est bien sur ce secteur que les efforts doivent être consentis. Un exercice périlleux alors que la pression démographique pousse à augmenter les rendements, ce qui implique souvent une irrigation massive, et donc un épuisement des nappes phréatiques et rivières.

Certes des solutions techniques existent, comme le goutte-à-goutte, mais elle est chère pour les pays en voie de développement.

Voies d’eau

Contrairement à d’autres matières premières ou l’énergie, l’eau ne se transporte guère : les conflits hydriques sont donc de nature régionale, et des décisions à l’échelle mondiales sont difficiles.

De plus, la dynamique de l’eau est compliquée car sa valeur marchande est faible, voire considérée comme un bien légitime pour l’humanité, au même titre que l’air. Cela a conduit à un certain gaspillage : par exemple des vieilles canalisations qui fuient, ou des cultures inappropriées au climat.

Alors, avec tout ça, comment pourrait-on améliorer les choses ? L’auteur donne quelques voies, comme :

  • Favoriser l’essor de l’agriculture dans les pays en développement, plutôt que de faire jouer la mondialisation, qui donne une concurrence déloyale : car ce n’est qu’en augmentant la rentabilité des cultures qu’une irrigation plus efficace peut être financée.
  • Ne plus associer l’agriculture à la prise de possession des territoires.
  • Arrêter la construction des grands barrages, qui provoquent trop de réaménagements du territoire.
  • Ne plus entreprendre des installations de ponction ou de détournement des sources, sans en discuter au préalable avec les pays voisins.
  • Abandonner les législations locales au profit d’un droit international, qui se met en place depuis 1997.

Guerre et imposture

Frédéric Lasserre semble bien connaître sa matière, et son livre donne un beau panorama de la problématique de l’eau. Même s’il est focalisé sur la géopolitique – ce qui donne, en ce qui me concerne, quelques paragraphes un peu rudes à lire – tous les paramètres sont expliqués, et la vision est assez différente de celle donnée par Eric Orsenna avec son livre “L’avenir de l’eau”, plus complaisant.

Les militaires devront-ils se mouiller ?
Les militaires devront-ils se mouiller ?

Mais ce livre n’a pas encore contenté ma… soif dans ce domaine. Car il étonnant de trouver des gens pour écrire que le manque d’eau est une imposture !

Affaire à suivre donc…

“Les guerres de l’eau” (259 pages), Frédéric Lasserre, éditions Delavilla

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