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Contre les élections

Pouvons-nous être fiers de notre démocratie, et doit-on se satisfaire d’une constitution que le monde nous envie ? Eh bien non, et un livre nous explique pourquoi il est temps de passer à autre chose, et comment…

La fatigue démocratique

La démocratie est fragile, plus fragile qu’elle ne l’a jamais été depuis la Seconde Guerre mondiale. Si nous n’y prenons garde, elle dégénérera en peu à peu en une dictature des élections.” (p. 69)

Bigre !

Se plaindre de la démocratie, dans un pays dont la constitution est un modèle du genre, pourrait paraître incongru. Et moi-même, quand j’ai rejoint le G1000, je me demandais si je ne devais pas consacrer mon temps à des causes plus… concrètes.

Mais David Van Reybrouck, lui, en a fait son cheval de bataille. Son dernier livre nous explique pourquoi il est temps de moderniser nos démocraties. Et c’est justement dans des pays comme le nôtre que le sujet doit être débattu : puisque nous sommes des modèles pour les pays s’ouvrant à la démocratie, passons à la vitesse supérieure et traçons la voie d’une gouvernance par le peuple.

Et c’est maintenant qu’il faut changer : la “fatigue démocratique” nous gagne !

Comme la tabatière

Mais qu’est-ce qui ne va pas avec notre démocratie ?

Depuis les révolutions françaises et américaines, nous avons adopté la démocratie représentative comme le seul système valable pour écouter le peuple : “Les mots élections et démocratie sont devenus synonymes pour presque tout le monde.” (p. 51) A tel point que les mots “élections honnêtes” sont mentionnés dans la Déclaration universelle des droits de l’homme, de 1948 : c’est devenu un passage obligé pour qu’un pays reçoive une aide financière de la communauté internationale.

Mais ce mode de fonctionnement est plus aristocratique que démocratique : “Le gouvernement représentatif a été institué avec la claire conscience que les représentants élus seraient et devaient être des citoyens distingués, socialement distincts de ceux qui les élisaient.” (Bernard Manin, 1995)

S’il fut une époque où ce modèle a fait évoluer la démocratie, aujourd’hui il ne sert plus l’intérêt général. “À une époque qui se caractérise par un malaise économique, un système médiatique déchaîné et une culture en pleine transformation, continuer de s’accrocher uniquement aux élections revient presque à enterrer délibérément la démocratie.” (p. 71)

Pensez-y : ce processus date du XVIIIè siècle et n’a jamais évolué. Il est aussi vieux que la diligence, la montgolfière et la tabatière !

David Van Reybrouck donne de la voix !
David Van Reybrouck ne donne pas sa voix, mais donne de la voix !

Notre future démocratie a 25 siècles

Coupons court à une idée reçue : la démocratie idéale, ce n’est pas le référendum ou le sondage, où tout le monde donne son avis sur des domaines qu’il ne connait pas, ou qu’il croit connaître, faisant passer son bien-être devant celui de la communauté.

Non, la bonne idée, on la trouve à l’époque d’Aristote, qui nous disait : “Le principe fondamental du régime démocratique, c’est la liberté […] Une des marques de la liberté, c’est d’être tour à tour gouverné et gouvernant” . Dans l’Athènes antique, tout citoyen était susceptible de faire partie des trois principaux organes de la cité (Assemblée du peuple, Conseil des Cinq-Cents, Tribunal du peuple), désignés par tirage au sort, pour un mandat allant d’une journée à un an suivant le poste. La participation citoyenne était directe et des décisions étaient prises par de grandes masses de gens.

On appelle cela une démocratie délibérative (ou participative) : “[…] une forme de démocratie au sein de laquelle les délibérations collectives occupent une place centrale et les participants formulent, en se fondant sur des informations et des argumentations, des solutions rationnelles, concrètes, pour relever les défis sociaux qui se posent.” (p. 126)

Comme on l’a vu lors du G1000, cela se passe en petits groupes, avec l’intervention de modérateurs, et un thème prédéfini pour les débats.

Un autre élément déterminant est le tirage au sort. En effet, si on laisse les citoyens se présenter sur base volontaire, on réunirait des gens motivés et investis, certes, mais non représentatifs de toutes les couches de la société. Le tirage au sort permet plus de diversité et de légitimité.

L’Islande n’est pas la meilleure élève

Mais concrètement, est-ce que ça fonctionne ? Oui, plutôt bien, à voir les expériences menées dans plusieurs pays. Si celle de l’Islande est la plus connue et la plus réussie, elle n’est pas le meilleur exemple, car les 25 citoyens ayant ré-écrit la constitution ont été élus. Cinq enseignants du supérieur, quatre personnalités des médias, autant d’artistes, deux juristes et un prêtre : drôle de diversité !

Par contre l’expérience déroulée en 2004 en Colombie Britannique (province canadienne) fut plus ambitieuse : un échantillon arbitraire de 160 citoyens a travaillé durant un an sur la réforme de la loi électorale.

L’Ontario a suivi le pas en 2006, avec 103 citoyens, puis les Pays-Bas la même année, avec 140 citoyens, toujours dans le but d’une réforme du système électorale.

En fait, des expériences de démocratie délibératives, il en existe beaucoup. Et ça bouge plus qu’on ne le croit : “[…] tandis que les politiciens hésitent, que les médias se méfient et que les citoyens restent dans l’ignorance, des universitaires et des activistes foncent déjà vers de nouveaux horizons.” (p. 150)

6 organes sinon rien

Parmi ces chercheurs dont la mission consiste à “avoir raison trop tôt” (dixit notre philosophe belge Philippe Van Parijs), on trouve Terrill Bouricius, qui propose le modèle idéal de la nouvelle démocratie avec tirage au sort. Six organes sont nécessaires pour répondre le mieux possible à la légitimité et à l’efficacité :

  • le Conseil de définition des priorités, qui choisit les thèmes sur lesquels légiférer ;
  • les Panels d’intérêt, qui proposent une législation sur un des thèmes ;
  • les Panels d’examen, qui présentent des propositions de lois sur la base du travail de l’organe précédent et de spécialistes ;
  • le Jury des politiques publiques, qui vote les lois ;
  • le Conseil des réglementations, qui décide des règles et des procédures des travaux législatifs ;
  • le Conseil de surveillance, qui contrôle le processus législatif et traite les réclamations.

Ainsi, on évite la concentration de pouvoir, un corps tiré au sort surveille l’autre.

Tous ces organes sont constitués, suivant les postes, de citoyens volontaires, de citoyens tirés au sort (parmi des volontaires ou parmi la population avec participation obligatoire), salariés ou dédommagés suivant le temps de la mission, qui va de quelques jours à trois ans.

Ministre de la participation recherché

Alors, qu’en est-il chez nous d’un renouveau démocratique chez nous ?

Eh bien, bonne nouvelle, les partis politiques n’en ont jamais autant parlé ! Pour un état des lieux, je vous invite à lire le Mémorandum pour les négociateurs du gouvernement fédéral, objet de la nouvelle campagne du G1000 : “On recherche un ministre de la participation (H/F)” .

On recherche ministre de la participation
Eh oui, un ministre supplémentaire, mais peut-être le dernier qui restera !

En attendant que ça bouge, nous devrons nous satisfaire des bulletins et du crayon rouge. Mais ne vous en contentez pas : “Nous devons démocratiser la démocratie“, comme le conclut David Van Reybrouck !

“Contre les élections” par David Van Reybrouck, 219 pages, Actes Sud

"De nos jours, les élections sont devenus un outil primitif." (p. 69)

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Faut-il faire sauter Bruxelles ?

Faut-il faire sauter Bruxelles, enfin, le kilomètre carré constituant le quartier européen ? Un petit livre nous invite à en fait le tour, afin de nous en convaincre…

Balade à Euroland

Il est provocateur, ce titre ? Mais l’Europe l’est aussi ! S’il faut chercher un prétexte à s’insurger, on le trouve rue Wiertz, et c’est par là que commence l’itinéraire touristique et critique de l’auteur : une plaque commémorative félicitant la bonne collaboration entre le Parlement et… la SEAP, soit la Fédération européenne du lobbying et public affairs !

L’auteur est français, c’est François Ruffin, reporter pour France Inter et Le monde diplomatique. Il n’est pas né de la dernière pluie, mais n’empêche, voir le lobbying s’afficher avec autant de franchise, il n’en revient pas : pourrait-on imaginer les lobbies du nucléaire remercier le Sénat dans les jardins du Luxembourg ?

Ruffin a donc fait un itinéraire touristique de la capitale européenne, en six étapes : le Parlement européen, la Commission européenne, le bâtiment Jacques Delors, la Confédération européenne des syndicats, DG Environnement et la Sofina.

Un périple aux allures d’un reportage de Michael Moore : Ruffin interpelle les décideurs, téléphone, écrit, sonne aux portes, intervient dans les conférences de presse… Mais ne parvient pas à faire de vagues : l’institution européenne est une grosse machine bien huilée, et personne n’est là pour la gripper !

Ils jouent au football ensemble

Heureusement pour l’auteur, il n’est pas tout seul à s’insurger…

Ici, il n’y a pas de peuple. Il n’y a personne pour dire ‘Vous n’avez pas le droit’. Les députés sont laissés dans le vide, loin de leurs décideurs, adossés à rien. Et donc, ce sont les lobbies qui remplacent le peuple !” . Voilà ce que nous explique Olivier Hoedeman, de l’ONG Corporate Europe Observatory.

Et voici la suite, page 30, pour répondre à l’auteur qui s’inquiète du manque de sens critique des journalistes :

[…] Il faut comprendre l’atmosphère bruxelloise. Ici, les lobbyistes, les assistants, les journalistes, les juristes, ils sont tous expatriés. Alors, ils forment une communauté. Ils s’invitent les uns les autres, ils jouent au football ensemble, ils deviennent amis – et plus si affinité. Ça anesthésie le débat public.

Faut-il alors s’étonner que pour réformer le milieu bancaire, les politiques suivent une feuille de route basée sur un “rapport officiel, mais plutôt confidentiel” , rédigé par des experts ayant au moins un pied, mais souvent les deux, dans le milieu de la finance ?

– Choisir une personne de Lehman Brothers pour travailler sur la régulation…
– Mais écoutez, il fallait des experts qui connaissent le système…” (réponse du porte-parole du président Barroso, p. 43)

Chacun a sa manière de se plaindre de l'Europe !
Chacun a sa manière de se plaindre de l’Europe !

La faiblesse tranquille

Peter Mertens l’expliquait déjà dans son livre “Comment osent-ils ?” : l’Europe a été faite pour les entreprises, pas pour le progrès social. François Ruffin surenchérit donc sur cette thèse, et il faut dire qu’il ne rencontre pas grand monde voulant inverser le mouvement.

Et la seule institution qui pourrait faire front semble gangrenée par le politiquement correct : la Confédération européenne des syndicats, qu’il surnomme “la faiblesse tranquille”, ne cherche pas la confrontation, mais établit des alliances, met en place des plateformes de discussions, se repose sur une communication efficiente. Une belle collaboration qui lui vaut les félicitations de la Commission !

En face se tient une armée, qui instille ses mots dans les esprits, qui impose ses lois dans les parlements, qui quadrille l’échiquier de la démocratie. Et contre ces régiments de la résignation, on en appelle au bon sens, à la compréhension de nos dirigeants, à des agences de communication ? Le remède ne paraît pas à la hauteur du mal.” (p. 71)

Le jeudi soir, c’est la fête

Le petit livre de François Ruffin se lit avec plaisir, mais on le referme avec une certaine inquiétude. Certes il fait l’impasse sur tout ce que l’Europe apporte de positif (si si, il y a des bonnes choses), mais n’oublions pas que Bruxelles est la deuxième place forte du lobbying, après Washington, et ça ce n’est pas une bonne nouvelle. Regardez-donc “The Brussel Business” : cela devrait égratigner l’image que vous vous faites de cette belle institution.

Il y a toutefois un endroit que notre reporter a manqué : la place du Luxembourg, le jeudi soir. Tous les eurocrates sont là, font la fête, et il y aurait certainement trouvé des syndicalistes trinquant avec quelques lobbyistes, de l’agriculture industrielle par exemple

L’auteur finit son livre en proposant de faire sauter le quartier européen. En se demandant s’il faut faire évacuer les bâtiments ! Je lui réponds donc : si c’est un jeudi soir, la question ne se pose pas !

Dans “Le Président” d’Henry Verneuil, 1961, Jean Gabin tient un discours visionnaire…

“Faut-il faire sauter Bruxelles ?”, par François Ruffin, 123 pages, Fakir Editions

Faut-il faire sauter les institutions Européennes ?

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Prospérité sans croissance

La croissance est-elle la seule solution pour faire avancer notre monde ? Voici un livre qui nous propose une alternative, et cette fois mon article sera plus long que d’habitude : il s’agit de notre avenir, que diable !

Chanté en 14 langues

Tim Jackson devant les clients de Triodos : un public acquis !
Tim Jackson devant les clients de Triodos : un public acquis !

Parce que le dogme de la croissance me crispe de plus en plus, parce que c’est son auteur qui était l’invité d’honneur des 20 ans de Triodos, et parce qu’il constitue un ouvrage de référence dans l’ombre des milieux associatifs dans lesquels je suis de plus en plus impliqué, le chemin était tout tracé pour que je lise ce livre, sous-titré en anglais “Economics for a Finite Planet” – ce que je préfère à la traduction française : “La transition vers une économie durable”.

Son auteur, Tim Jackson, a un nom à chanter de la country, un charisme qui le pousse à monter sur scène, pour nous chanter la complainte de notre système économique : la « croissance » nous envoie droit dans le mur. Mais il ne se présente pas les mains vides : il a un rapport à vous présenter, commandité par la Commission pour le développement durable du Royaume Uni. Sous la forme d’un livre traduit en 14 langues, on ne dira pas que l’ouvrage est resté dans la marginalité…

68 fois plus grande en deux siècles

Dans mon article précédent, je parlais de mystifications et de dogmes qui ont aveuglé les hommes durant ces 500 dernières années… Et voici un bel exemple de dogme qui, peut-être, sera décrié par les générations futures : celui qui nous impose la croissance économique comme seul moyen d’améliorer la prospérité de l’homme (j’ai bien dit de l’homme, et pas d’autre chose : voilà déjà un premier problème !). Pour résumer : “Des revenus plus élevés entraînent plus de choix, des vies plus confortables, une qualité de vie améliorée pour ceux qui en profitent.” (p. 21) La mesure la plus commune de ce “confort” étant le produit intérieur brut (PIB) par tête.

Mais cette croissance est remise en cause :

  1. Ses avantages ne sont délivrés qu’inégalement, et l’écart se creuse entre riches et pauvres. “Les richesses n’ont ruisselé que vers les privilégiés.” (p. 23)
  2. Au-delà d’un certain point, l’accroissement de richesse ne semble plus améliorer le bonheur.
  3. Les limites écologiques de notre planète ne sont pas prises en compte.

Bien-sûr les économistes “traditionnels” ne sont pas d’accord sur ces trois points, en particulier le dernier. Mais l’auteur ne manque pas d’arguments pour démonter ces belles théories qui dirigent le monde, et la crise de 2008 apporte de l’eau à son moulin.

Voici de quoi secouer : la croissance nous a mené à une économie mondiale 68 fois plus grande qu’en 1800 ! Alors, on garde la même recette pour ce nouveau siècle ?…

Une courbe qui cloche

Quant à la notion de “prospérité” apportée par la croissance, elle est discutable ! Focalisée sur le bien matériel, certes nécessaire, elle en oublie la nature de l’homme, qui trouve surtout son accomplissement dans l’amour, la reconnaissance de ses pairs, son utilité dans la société, son appartenance à une communauté…

Quand on regarde la courbe du bonheur (très suggestif, certes) mesuré par rapport au PIB, on constate peu d’améliorations dans les pays riches. Mais on voit une nette montée pour les pays moins développés.

Source : Worldwatch Institute
Source : Worldwatch Institute

D’où la mise au point faite par l’auteur : “il n’y a pas de raisons d’abandonner universellement la croissance. Mais les pays développés ont d’excellentes raisons de laisser aux pays pauvres l’espace nécessaire à leur croissance.” (p. 54)

Alors, pour nos pays, que propose-t-il ?

New deal vert

Tournons à notre avantage la crise environnementale qui s’annonce : développons l’économie qui devra relever des nouveaux défis.

Et c’est aux gouvernements d’assurer la transition : financer cette économie verte est la meilleure stratégie à long terme – plutôt que de perdre de l’argent dans des mesures court-termistes, comme de sauver les banques ou renflouer l’industrie automobiles aux USA.

A l’image du New Deal de Roosevelt qui, dans les années 30, a relancé l’économie en mettant au travail des millions d’américains, il s’agirait ici d’un New Deal Vert qui “représenterait un signal clair indiquant au monde de l’après-crise le sérieux avec lequel nous entendons lutter contre le changement climatique, prévenir la rareté des ressources et créer une société plus juste.” (p. 124)

Biensûr, tout ceci nous ramène à une croissance. Alors, pour éviter un retour au business as usual, poursuivons…

Une économie de Cendrillon

Comment trouver une économie stable ne reposant pas sur la croissance perpétuelle de la consommation ? En orientant nos activités sur le service et le social, intenses en main d’œuvre : “… quelque soit l’aspect de cette nouvelle économie, il faut que des activités économiques sobre en carbone, et qui donnent aux gens des emplois contribuant vraiment à l’épanouissement humain, en constituent le socle.” (p. 135)

Les réseaux associatifs et le volontariat sont les prémices de cette économie baptisée “économie de Cendrillon” par l’auteur. Elle ne créera pas de la richesse en monnaie sonnante et trébuchante, mais bien du capital humain et durable : un changement de dogme qui pourrait intéresser une nouvelle génération d’économistes…

Et il faudra travailler moins.

En effet, arrêter la croissance ne signifie pas faire stagner la productivité du travail : celle-ci doit continuer à croître grâce aux évolutions techniques. Alors, pour éviter de mettre des gens au chômage, la meilleure solution est le partage systématique du travail disponible. Signifiant donc des horaires qui se réduisent, au bénéfice du temps pour ses proches et pour les loisirs (qui font partie de l’économie de Cendrillon, soit dit en passant…)

Voilà pour le chapitre économique, qui n’est qu’un aspect du problème. Attaquons-nous maintenant à notre comportement…

État schizophrène

Suivant la philosophe Kate Soper, nous aurions dépassé un point critique au-delà duquel le matérialisme détourne activement du bien-être humain. D’où l’émergence de mouvements et groupes cherchant la satisfaction ailleurs (un “hédonisme alternatif”) : ce sont ceux-ci qui montrent la voie d’un changement de valeurs, pour une vie plus simple et plus durable.

Mais la majorité des gens ne changeront pas sans l’intervention de l’État, qui pour l’instant tient un discours incohérent. En effet, si les mesures ne manquent pas pour combattre nos émissions de CO², rien n’est fait contre le consumérisme. Bien au contraire, nous sommes assaillis de messages nous entretenant notre matérialisme : coupez les veilleuses de vos appareils, mais surtout continuez à en acheter !

Bref, le démantèlement de la culture du consumérisme est une des clés pour abandonner la croissance économique. L’écologie y gagnera, mais aussi la société, qui deviendra plus égalitaire (et j’y reviendrai dans un prochain article…) : “Une société moins matérialiste sera plus heureuse. Une société plus égalitaire sera moins anxieuse.” (p. 158)

Ce n’est pas une utopie

Je me force à conclure cet important article, en n’ayant survolé que quelques aspects de cet important travail de Tim Jackson, qui ne passe pas pour un doux rêveur : il n’est pas question de revenir à l’âge de pierre, d’entamer une décroissance, d’encourager une croissance verte ou, vu le rôle important qu’il donne à l’État, d’aller vers le communisme !

Non, c’est à une nouvelle science économique qu’il nous invite : axée sur le bonheur et le sens, avec l’écologie comme contrainte. Cette économie ne se mesure plus avec le PIB : elle a besoin de nouveaux indicateurs, et des instances majeures telles que la Commission Européenne, l’OCDE ou la France plaident en leur faveur…

Mais, finalement, est-ce que cette “économie de Cendrillon” est encore du capitalisme ? Cela dépend comment on le définit, et l’auteur paraphrase Mr Spok : “C’est du capitalisme, Jim, mais pas dans le sens où nous le connaissons“.

Franklin Roosevelt aurait aimé ce livre
Franklin Roosevelt aurait aimé ce livre

“Prospérité sans croissance” de Tim Jackson, 247 pages, Deboeck

"Il est esssentiel d'offrir aux gens des alternatives viables aux modes de vie consuméristes" (page 183)

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