Archives par mot-clé : déchet

No Impact Man

Vivre en ville et avoir un impact nul sur l’environnement : voilà une belle aventure à lire, celle d’un héros, de No Impact Man.

Zéro partout

Colin Beavan est auteur de plusieurs essais historiques : rien à voir avec l’écologie et les problèmes environnementaux, me direz-vous. Et pourtant, c’est dans ces domaines qu’il se fera connaître, mondialement !

Car Colin était de ceux qui se disaient que le monde allait mal – tout en laissant tourner la climatisation de son appartement en son absence. Il faisait la morale aux autres – la bouche pleine d’une pizza industrielle livrée à domicile…

Mais un jour… “Au lieu d’essayer de changer les autres, je devais d’abord me changer moi-même” . Aussi décida-t-il de minimiser son impact écologique : “Je visais non seulement le zéro carbone, mais aussi le zéro déchet, zéro pollution dans l’air, zéro toxine dans l’eau, zéro ressource pompée à la planète.” (p. 30)

Seulement, voilà : Colin habite dans un appartement à New York, au 9e étage. Et son épouse ne partage pas forcément son point de vue. En plus, ils ont un enfant en bas âge…

Se moucher dans des arbres morts

Pour devenir No Impact Man, il ne suffit pas d’entrer dans une cabine téléphonique  et d’en ressortir avec un slip enfilé au-dessus du pantalon, déguisé en super-héros écolo.” (p. 34)

Le démarrage du projet sera en effet laborieux.

Comme entrée en matière, Colin étale les 300 litres de déchets accumulés par sa famille… en quatre jours ! Ce ne sont que gobelets en plastique, raviers, sachets et autres reliquats de la malbouffe. “Si j’étais archéologue, ce qui me frapperait, dans le monceau de saletés étalé à mes pieds, outre son volume, ce serait sans doute l’absence d’épluchures de carotte.” (p. 55)

Son projet, qui durera un an, sera progressif, et commencera donc par la chasse au gaspillage. Mais si les bonnes résolutions sont évidentes, les habitudes prennent vite le dessus : dès le premier jour, l’auteur est confronté aux langes jetables de sa fille. Ensuite, il se prend en flagrant délit de se moucher dans des mouchoirs en papier !

Le doigt dans l’œil

Le plus dur, c’est de modifier ses habitudes. De se faire violence pour sortir de l’ornière et apprendre à vivre différemment. Pendant un moment, tout en vous rechigne à s’arracher à la routine. Pendant un mois, exactement. C’est le temps qu’il faut, paraît-il, pour rompre avec une habitude.” (p. 226)

Fini la nourriture toute faite au coin de la rue : il fait les marchés et prend le temps le soir de cuisiner. Fini les mouchoirs en papier : il a retrouvé des mouchoirs en tissu au fond d’un tiroir. Fini les langes jetables : il utilise un jeu de 24 couches lavables (“J’examine mon nouvel équipement d’absorption de caca de bébé et j’espère très sincèrement que le monde mérite d’être sauvé.” p.136)

Fini l’ascenseur, l’air conditionné, les bouteilles d’eau, la télé, la nourriture qui vient de loin, les produits chimiques, les achats impulsifs, les sacs en plastique.

Fini la voiture et le métro.

Si tu t’imagines que tu vas me faire monter sur un vélo dans cette ville, ou que je vais te laisser transporter Isabella sur un vélo, tu te fourres le doigt dans l’œil.” (p. 52) Eh oui, Colin doit aussi convaincre son épouse, Michelle, de le suivre, et c’est là un aspect truculent de son livre : c’est presque une pièce de théâtre.

Et quand il remet en cause les voyages en avion prévus pour l’année, dont deux pour visiter ses parents, c’est toute la famille qu’il doit convaincre : “Tu ferais mieux de t’inquiéter davantage de ton empreinte familiale et moins de ton empreinte carbone.” lui répond son père.

Dur dur d’être No Impact Man…

Pas de lessive avec les pieds

… Mais au final, c’est tout bénéfice.

Car son épouse finit par le suivre, et c’est toute la famille que l’on voit circuler en pousse-pousse dans les rues de New York, vivant l’instant présent, ignorant les vitrines de la consommation, prenant le temps de nouvelles rencontres.

Une famille célèbre et reconnaissable
Une famille célèbre et reconnaissable

Jusqu’à présent, j’ai mené ma petite existence comme mon entourage le souhaitait. Aujourd’hui, je remets tout en cause. Je vis ma vie comme je l’entends. Et vous savez quoi ? D’un certain côté, c’est jouissif.” (p. 207)

Et puis il y a le New York Times qui lui consacre un article : il devient célèbre, le compteur de son blog explose, et son agent littéraire se frotte les mains.

Toutefois, No Impact Man atteint ses limites dans la dernière phase : la coupure de l’électricité…

Il installe sur le toit un kit de panneau voltaïque lui permettant juste de faire tourner son ordinateur et une lampe LED. On sort les bougies, les gros pulls (heureusement, cette année-là l’hiver n’est pas rude) et comme le frigo ne fonctionne plus, on expérimente la technique du pot dans le pot, et on achète au jour le jour.

Mais la lessive manuelle (en fait, avec les pieds, dans la baignoire) est vite abandonnée, et la lessiveuse dans la cave tourne à nouveau. “A partir d’un certain point, consommer moins n’est plus une réflexion sur notre mode de vie. C’est de la privation.” (p. 234)

Comme le zéro énergie n’est pas atteint, Colin fait des actions citoyennes : c’est en quelque sorte une compensation carbone, et ainsi il finit par atteindre le “zéro impact”, dans la dernière ligne droite de son défi…

Un imbécile qui essaie

L’aventure de Colin Beavan se lit avec beaucoup de plaisir : son livre mélange récit, documentation plus ou moins avérée (mais sans références aux sources : “En Amérique du Nord, les aliments parcourent en moyenne 3000 kilomètres de la ferme à l’assiette” p.149), dialogues, humour, drames, spiritualité et philosophie. Bref, on ne s’ennuie pas (je le dis pour contredire une critique lue quelque part sur le net…)

On lui reprochera toutefois quelques réflexions naïves comme : “Les grands esprits qui ont inventé la Wii pourraient s’employer à trouver comment alimenter en eau potable le milliard de personnes qui n’y ont pas accès.” (p. 229)

Certes No Impact Man n’aura pas sauvé la planète, et d’aucuns jugeront son expérience comme inutile, dont la réussite repose sur des circonstances favorables : un métier laissant une certaine liberté quant au lieu de travail et aux horaires, un hiver peu rigoureux, tout cela dans une ville américaine très “ouverte” aux initiatives citoyennes. Et aussi, il vient de loin : il lui suffit déjà de vivre comme un Européen pour que son défi soit à moitié accompli !

Mais peu importe : “… je préfère être un imbécile qui essaye, plutôt qu’un imbécile qui reste les bras croisés, alors qu’il sait pertinemment ce qui lui pend au nez s’il ne fait rien. En plus, mener des défis un peu fous attire l’attention, et la planète a grand besoin qu’on lui prête attention.” (p. 217)

Voilà donc un livre que je conseille, qui va intéresser les “imbéciles” comme moi qui essaient de sauver le monde…

“No Impact Man”, Colin Beavan, 311 pages, 10/18

À lire dans les mêmes conditions...
À lire dans les mêmes conditions…

(Et vous, vous êtes loin du zéro impact ? Calculez votre empreinte écologique pour répondre au sondage ci-dessous…)

Quelle est votre empreinte écologique ? (lien donné ci-dessus)

View Results

Loading ... Loading ...

 

Un sac exquis

La chaîne d’alimentation EXKi était déjà au vert, mais maintenant elle va plus loin, elle repense, elle re-think : c’est ce que j’ai découvert en entrant, le 3 janvier, dans celui de la Place du Luxembourg. La date est importante et explique cette aventure : c’est une semaine creuse et mon snack favori était fermé. Cela pour dire que je n’ai pas d’avis sur EXKi : je n’y vais jamais.

Bref, je suis à la caisse avec un sandwich trop petit à mon goût, quand je vois une affiche « Rethink 2.0 » : EXKi mène en effet une campagne pour réduire son impact écologique (encore lui !), et je n’ai rien à redire, cela me semble une belle initiative.

Hélas mon enthousiasme retombe vite, par un fait qui serait passé inaperçu au commun des mortels. Mais pas à moi : il y a des sujets qui me fâchent, ils sont souvent futiles, je sais, et  je prends sur moi – mais je finis quand-même par me décharger dans ce blog…

Or donc, voici l’objet du délit : ce foutu sac en papier dans lequel le vendeur vient de mettre mon sandwich ! Ah mais je ne vous ai pas dit : le condiment en question est emballé serré dans un cellophane, aussi étanche qu’une tenue spatiale. Il pourrait affronter la pluie, la neige, une tempête de sable ou le vide intersidéral !

Non, je suis de mauvaise foi : le sac, c’est pour protéger la serviette en papier que le vendeur vient d’ajouter. Ça change tout !

Bon, sérieux, les clients de ce snack travaillent dans un rayon de 300 mètres à tout casser, et les vendeurs doivent le savoir : utiliser un sachet en papier pour un cas de figure comme le mien, je ne trouve pas ça rethinké 2.0 !

Non, je suis de mauvaise foi (bis !) : c’est marqué sur le sachet incriminé (je traduis) : “Veuillez réutiliser ce sac”.

Un sac qui a de l'avenir !
Un sac qui a de l’avenir !

Croyez-moi, des sacs, j’en réutilise, on ne me prendra pas en défaut. Mais des sacs en papier, format sandwich (ou sac à vomi comme dans les avions), j’ai du mal à en trouver l’utilisation.

Vous vous imaginez, vous, déplier votre sac en papier tout chiffonné (et le reste…)  à la caisse chez EXKi ? Et attention qu’il faut aller vite, et être proactif : ce sont des professionnels de la mise en sac, le geste est sûr et efficace, et je ne crois pas que le coaching “Rethink” les a formé à poser la question : “Vous avez votre sac en papier ?”.

Et pourtant, cela vaudrait la peine de réutiliser votre sac six fois ! Eh oui, car dans le guide du Rethink 2.0, page 53, on trouve : “EXKi propose des sacs en papier réutilisables (6 passages à la caisse avec le même sac = un café issu du commerce équitable offert)” – comment comptabilisent-ils les 6 utilisations, je me le demande…

Ah, les sacs ! Je pourrais encore vous en rabattre les oreilles pendant des heures, mais je garde le plat de consistance pour un prochain article.

En attendant, je salue la démarche “Rethink” d’EXKi, même si je trouve certaines mesures, comment dire, décalées…

Les sacs donnés dans les commerces...

View Results

Loading ... Loading ...
Télévision aquarium

A donner

Cassé, démodé, en panne, usé, remplacé : c’est donc bon pour la poubelle. Et si vous essayiez de plutôt donner ?

Une histoire pas très cathodique

C’est l’histoire d’un ami qui a décidé de passer du tube cathodique au led. Non pas que sa télévision ne fonctionnait plus, que du contraire, mais bon, on ne peut pas résister indéfiniment à l’appel de l’écran plat. Et combien d’entre nous n’ont pas passé le cap, se débarrassant d’une télévision encore en état de marche ?

Mais qu’est devenu cet objet hautement toxique ?

En tout cas, si le marchand a repris votre téléviseur d’un autre âge, n’espérez pas qu’il puisse un jour remettre sa prise dans le secteur ! Notre ami l’a bien compris en voyant la manière dont le livreur traitait son lourd et encombrant objet. “On s’en fout qu’il tombe, c’est de toute façon pour la déchetterie“…

Se doutant de ce tragique destin, notre ami avait bien essayé de la donner dans son immeuble. Sans succès, et c’est normale, à une si petite échelle. Mais s’il avait essayé sur l’ensemble du territoire ? J’explique…

Télévision aquarium
Puisque je vous dis que votre télévision peut trouver une seconde vie !

Seconde vie

Depuis quelques années, le site 2ememain.be permet de mettre des objets à donner (d’autres sites sont spécialisés dans le don, mais ne bénéficient pas de la même visibilité ou manquent de professionnalisme) : on peut donc y insérer une annonce où le prix est mentionné comme “gratuit”.

Mettez une ou deux photos, écrivez le motif de la séparation et l’état de l’objet. Et voilà, il n’y a plus qu’à attendre que “ça morde”…

Mais vous vous dites qu’un téléviseur à tube cathodique n’a aucune chance de trouver un amateur ? Voyez plutôt ce que j’ai déjà réussi à donner…

Tissu sale et mauvaise impression

Correction : je l'ai autant sali que mon chien !
Correction : je l’ai autant sali que mon chien !

Notre salon en tissu était râpé, un peu défoncé dans le coin où je m’asseyais, franchement sale là où notre chien se frottait les babines : des jeunes sont venus le chercher, trop contents d’avoir un coin sofa pour leur local.

Notre vélo d’appartement prenait la poussière, mais en plus je n’arrivais pas à réparer la lanière de résistance : un vieux couple est venu le chercher.

J’en avais marre de mon imprimante, dont je ne savais pas si c’était la mécanique ou les cartouches qui m’imprimaient des lignes en code-barre : un couple est venu la chercher.

Ma pédale “switch” ne switchait plus. En la démontant je me suis retrouvé face à mon incompétence, et sa valeur ne valait pas une réparation : elle a terminé dans les mains… d’un technicien à l’affut de telles opportunités !

La grande cage à oiseaux de ma belle-mère était tombé, cassant le socle. La cage ne tenait plus et elle voulait la mettre à la déchetterie. J’ai placé une annonce : un homme d’âge mure est venu la chercher.

Socle cassé d'une cage à oiseaux
Mais non, ce n’est pas juste bon pour la casse !

Pas de pouilleux ni de brigands

Je ne veux pas voir débarquer n’importe qui chez moi“, répondront certains d’entre vous ! Comme je vous le détaillais plus haut, et c’était bien ça le but, mes annonces “à donner” n’ont pas attiré des pouilleux et des brigands.

Quand bien même vous n’aimez pas les inconnus chez vous… Étant donné que l’objet est à donner, en l’état, la transaction peut se passer sur le pas de la porte, dans l’entrée de l’immeuble, dans la rue : il n’y a pas de contrat de vente, pas d’échange d’argent, pas de tests, pas de compte à rendre à l’acquéreur qui, croyez-moi, est déjà trop content de ne rien débourser.

2013 : on n’est pas sauvé

Bien-sûr, faire une photo, insérer une annonce, garder l’objet le temps de trouver un repreneur, puis rencontrer un inconnu, c’est beaucoup moins simple que de voir le faire partir dans la camionnette qui a apporté son successeur.

Tout ça est histoire de motivation, et peut-être qu’il ne vous manquait que ces quelques exemples pour vous convaincre que cette piste-ci est jouable.

Allez, c’était mon dernier article de 2012 : je n’ai pas réussi à “sauver le monde” (euh, que les choses soient claires : je n’y suis pour rien concernant la fin du monde qui n’a pas eu lieu !), et force est de constater que je ne pourrai pas y arriver seul.

Je vous souhaite donc une année 2013 pleine de bonnes résolutions !

Quand vous êtes passé à l'écran plat, qu'est devenu votre ancien téléviseur ?

View Results

Loading ... Loading ...