Où allons-nous vivre demain ?

La Terre va arriver à saturation : pouvons-nous la quitter pour vivre ailleurs ? Voici un livre qui nous donne des éléments de réponse, au moment où un film fait l’actualité.

Sèche ou surpeuplée

Voici un livre vraiment bizarre. En fait, je ne comptais pas vous en parler : sa première partie repose sur un postulat discutable, et la seconde navigue entre philosophie, poésie et (science-)fiction. Difficile d’en tirer quelques enseignements !

Mais voilà, je terminais ce livre alors que j’allais voir “Interstellar” , de Christophe Nolan, traitant le même sujet. De plus, voici quelques semaines, je lisais Stephen Hawking : de quoi remettre de l’ordre dans tout cet imaginaire.

Alors donc, l’homme doit se trouver d’autres planètes s’il veut survivre. Car notre Terre deviendra toute sèche, comme l’imagine notre cinéaste. Ou elle sera surpeuplée, comme nous écrit Alfred Vidal-Madjar, dans son livre “Où allons-nous vivre demain ?”

Surpeuplée, vraiment ?

Un livre sans gravité ?
Un livre sans gravité ?

Riz et nénuphars

L’auteur est directeur de recherche au CNRS, il travaille sur les planètes extrasolaires à l’Institut d’astrophysique de Paris et enseigne la physique à l’École polytechnique (source : Wikipedia).

Mais il n’est pas démographe.

Or, son livre commence par nous alerter sur la surpopulation, qui va nous exploser à la figure. Car la population s’accroit à un rythme exponentiel. Et pour bien nous le faire comprendre, plusieurs dizaines de pages sont consacrées aux puissances de deux, aux grains de riz sur l’échiquier, aux nénuphars dans l’étang, aux microbes se reproduisant par division cellulaire. Bref, l’auteur nous fait prendre conscience du danger des progressions exponentielles, que notre nature humaine sous-estime.

Mais l’humanité ne se multiplie pas comme des microbes : les sociétés évoluent, et les projections sont bien plus subtiles qu’une multiplication par deux. La surpopulation est un concept, pas une réalité. Le livre commence donc mal, même si je partage avec l’auteur son inquiétude quant à l’impact de tant d’humains sur notre environnement.

Ce n’est donc qu’à la moitié du livre que nous entrons dans le sujet, celui justifiant son titre.

Le grain de sable et l’orange

La Terre est un grain de sable tournant en un an autour d’une orange, le Soleil, placé à 5 mètres de là. Quant à la lune, elle est une poussière tournant à 2 centimètres autour de notre grain de sable.

Jupiter est une noisette à 25 mètres. Et Neptune, qui marque la fin de notre système solaire, est à 200 mètres. On l’atteindrait en quelques années.

Alors on peut rêver : ces planètes ne sont pas inaccessibles. Mais entre le très chaud et le très froid, l’homme n’y trouvera pas beaucoup de confort. Et puis le système solaire sera vite surpeuplé à son tour.

On se tournera donc vers les étoiles.  Lesquelles ? Toutes ! “Nous savons en effet qu’autour d’une étoile sur deux un autre système planétaire attend. Des centaines de milliards sont là, disponibles […]” (p. 135)

Mais l’étoile la plus proche est une orange à 1.300 km ! Soit quatre cent années de voyage si seulement nous atteignions un centième de la vitesse de la lumière. Vivement les moteurs à fusion nucléaire, et l’hibernation !

A moins que nous passions par un “trou de ver” ?

Nous ne sommes que des particules

C’est ce que suggère Christophe Nolan dans son dernier film. Mais ce ne sont que des concepts mathématiques : leur existence dans l’univers n’est pas avérée.

Par contre il existe bien des trous noirs, que la science-fiction aime utiliser pour nous envoyer dans des endroits où temps et lumière se distordent, ce qui nous vaut des histoires improbables. Mais passer dans un trou noir ne serait qu’une pure fantaisie. C’est Stephen Hawking qui nous le dit : “[…] si vous sautez dans un trou noir, vous vous faites totalement écrabouillé. Néanmoins, en un certain sens, les particules qui composent votre corps passent dans un autre univers.” (“Trous noirs et bébés univers”, p. 150).

Vieux de deux minutes

Voir des humains vivre en dehors de notre système solaire risque bien de rester de la science-fiction.

Et le fait de ne pas entrer en contact avec des civilisations extra-terrestres devrait nous conforter dans cette idée. En ramenant l’âge de l’univers sur une échelle de temps d’un an, l’homme est vieux de deux minutes, et Jésus-Christ est mort il y a cinquante secondes. Cette échelle est aussi valable pour des civilisations qui auraient vu le jour sur d’autres planètes : elles n’auraient durer que quelques minutes, sans réussir à quitter leur système solaire. Sans avoir le temps de nous croiser.

Mais on peut toujours espérer que l’homme soit l’exception, et devienne la première créature à quitter son système. Après tout, il ne lui faudra sans doute que une ou deux “secondes cosmiques” pour conquérir le système solaire. Il sera alors moins vulnérable aux caprices de notre Terre, et pourra se préparer au grand saut jusqu’aux étoiles.

Et on sera rappellera alors le message d’Interstellar : “L’homme est né sur terre. Rien ne l’oblige à y mourir.

Invasion of the saucer-men edited
Finalement c’est peut-être préférable de ne pas croiser d’autres civilisations !
  • Où allons-nous vivre demain ?” , Alfred Vidal-Madjar, 170 pages, Hugo & Cie
  • Interstellar” , Christophe Nolan, 169 minutes
  • Trous noirs et bébés univers” , Stephen Hawking, 205 pages, Éditions Odile Jacob
  • Et puis il serait dommage de ne pas mentionner l’excellent roman “Spin” de Robert Charles Wilson, à la croisée des thèmes abordés dans cet article…

"Tant que des idées telles que « libéralisme et croissance » tiendront le haut du pavé, il sera impossible d'imaginer une issue positive." (p. 164)

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