Archives mensuelles : août 2014

Faut-il renoncer au nucléaire ?

L’énergie nucléaire est-elle un mal nécessaire, ou au contraire est-elle remplaçable ? En ces temps de menace d’un blackout pour cause de réacteurs hors service, ce livre nous aide à se faire une opinion.

Aucun atome crochu

Mais tout d’abord, dans la série “j’en ai rêvé, ils l’ont fait” , je vous présente la collection Le choc des idées, aux éditions Le Muscadier. Soit des livres s’ouvrant aux débats contradictoires, sur des thèmes chauds comme le gaz de schiste, la mondialisation, l’agriculture biologique, les OGM, etc. Nulle doute que certains d’entre eux seront encore chroniqués ici.

La caractéristique de ces livres est d’être écrit par deux auteurs aux opinions opposées, ainsi que par un médiateur, qui introduit le sujet et le conclut. Concernant “Faut-il renoncer au nucléaire ?” , nous avons :

  • Bertrand Barré, spécialiste du nucléaire et conseiller chez Areva.
  • Sophia Majnoni d’Intignano, chargée de mission nucléaire à Greenpeace, après une mission de deux ans chez Areva.
  • Claude Stéphan, directeur de recherche au CNRS, intéressé par les énergies, en particulier nucléaires. Il est le médiateur.

Voyons quelques chocs d’idées entre Bertrand et Sophia.

Des avis alternatifs

Le nucléaire doit continuer à produire notre électricité” , se défend Bertrand Barré. Car, entre autres :

  1. Il émet peu de gaz à effet de serre.
  2. Il fournit une électricité bon marché.
  3. Contrairement aux énergies renouvelables, il délivre de l’électricité en fonction de la demande et non de la météo ou de la présence du soleil.
  4. Il crée 125.000 emplois spécialisés en France, et 400.000 de manière indirecte.
  5. Le stockage géologique fournit la solution à la gestion des déchets les plus radioactifs. Et la nature nous fournit la preuve que c’est possible, avec les réacteurs fossiles d’Oklo.

L’imposture nucléaire” , répond Sophia Majnoni d’Intignano. Et elle démonte ces cinq points :

  1. Oui, le nucléaire émet peu de CO2. Mais pour autant, elle n’est pas efficace pour lutter contre le réchauffement climatique : trop long et trop chère à déployer. D’ici à 2050, il faudrait construire 50 centrales par an pour réduire de 4 % les émissions de gaz à effet de serre. Rappelons que le nucléaire ne représente que 5,7 % de toute la production énergétique mondiale.
  2. Le prix de l’électricité nucléaire ne pourra qu’augmenter : les nouvelles centrales doivent être construites avec des normes de sécurités bien plus strictes qu’il y a 30 ans, des frais doivent être dépensés pour maintenir les anciennes, et le coût du démantèlement des centrales arrêtées est encore flou. Pendant ce temps, le prix de l’énergie renouvelable diminue. Et ce serait encore plus rapide si seulement les investissements n’étaient pas absorbés par le nucléaire.
  3. Un réseau électrique reposant sur le 100 % renouvelable doit être complètement repensé : c’est un système décentralisé mélangeant différents procédés de production et de stockage, comme l’a analysé l’association négaWatt.
  4. En Allemagne, le secteur des renouvelables générait 370.000 emplois en 2010. Avec le scénario proposé par négaWatt, on atteindrait les 684.000.
  5. Jusqu’à aujourd’hui nous n’avons aucun exemple d’une solution qui éviterait des pollutions radioactives durant des milliers d’années. Et ce n’est pas la désastreuse expérience dans les mines d’Asse qui nous réconfortera.
Faut-il renoncer à Doel ? (merci à General Dikki)
Faut-il renoncer à Doel ? (merci à General Dikki)

4.000 victimes ou peut-être 225 fois plus

Je suis […] plus choquée par le refus des politiques d’admettre la réalité du risque – et, par conséquent, d’y préparer la population – que par leur refus catégorique de renoncer à cette technologie.” nous écrit Majnoni d’Intignano (p. 85).

Les risques d’un accident grave sont mal évalués : les statistiques donnent déjà un taux de 0,0002 accident grave par an, soit 20 fois supérieur aux objectifs fixés. Avec le vieillissement des centrales, ce risque augmente encore.

Et la négation des impacts sanitaires des radiations empêche tout débat serein : 4.000 décès liés à la catastrophe de Tchernobyl, nous communique l’OMS. Entre 600.000 et 900.000 nous annoncent des chercheurs russes, biélorusses et ukrainiens !

La France prévoit une intervention sur un périmètre de 10 km autour d’une centrale accidentée : Fukushima a demandé 20 à 30 km, et Tchernobyl, 300 km.

On ne fait pas de statistiques sérieuses sur un total de quatre accidents.” nous répond Bertrand Barré (p. 109).

De dire que nous sommes 20 fois au dessus des objectifs fixés n’est pas plus valable que de prétendre que le risque d’accident est nul, en se basant sur la période 1987-2010, où il n’y a eu aucun incident.

Combien de victimes a faites le charbon, avec la silicose, les coups de grisou et les perturbations sur l’effet de serre ? Toutes les énergies présentent des risques et le nucléaire présente le meilleur bilan sanitaire.

Quant aux centrales vieillissantes, elles subissent des révisions complètes tous les 10 ans. De plus, chaque accident a incité des améliorations. Depuis Three Mile Island, des dispositifs ont été mis en place sur les centrales françaises : ils n’existaient pas à Fukushima…

Agissez, changez

Même si ce livre se préoccupe principalement de la France, il nous aide à nous forger une opinion… ou pas ! Car ce n’est ni blanc ni noir : c’est gris comme le béton d’une centrale.

Le débat est complexe, et même au sein des écologistes il n’y a pas de consensus : si Greenpeace ne manque jamais de pointer du doigt les failles du nucléaire, il existe aussi l’Association des écologistes Pour le Nucléaire, chez qui on trouve… un cofondateur de Greenpeace !

Mon souhait est que le nucléaire fasse maintenant place à des énergies plus douces, et ma décision de passer à un fournisseur d’électricité verte, dès l’ouverture du marché en 2007, était déjà mon soutien à cette transition.

El la conclusion du médiateur Claude Stéphan me paraît pleine de bons sens : “Le vent comme le soleil sont gratuits, mais si l’on espère satisfaire l’ensemble de ces besoins avec l’énergie renouvelable, les investissements seront importants – ce qui n’est pas forcément un défaut en soi, comme l’a montré le cas du nucléaire justement.

“Faut-il renoncer au nucléaire ?”, 126 pages, éditions Le Muscadier

Faut-il renoncer au nucléaire ?

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Kiva : faites du microcrédit

Que peut-on faire avec 20 euros ? Acheter le dernier Musso, se payer un moules-frites sans le verre de vin blanc, s’offrir une demi chaussure ou… prêter cet argent à des gens qui en ont bien besoin.

Pour une poignée de dollars

20 euros, en réalité 25 dollars, c’est la somme minimum que Kiva vous propose de mettre sur la table pour devenir un acteur du microcrédit. Cette ONG californienne, créée en 2005, a eu la bonne idée suivante : permettre aux internautes du monde entier de prêter leur argent à des gens démunis, répartis dans 77 pays.

Le système est simple :

  1. Vous vous inscrivez sur Kiva.
  2. Vous alimentez un compte par transfert PayPal (qui ne prend pas de commission).
  3. Vous choisissez la ou les personnes (les “borrowers”) à qui vous prêtez votre argent.
  4. Ces personnes vous remboursent mensuellement suivant leurs moyens (l’argent revient sur votre compte Kiva).
  5. Quand vous avez regagné un peu de fonds, vous recommencez le point 3…

Comment fonctionne Kiva ? (en anglais)

Une autre richesse

Comprenez bien, ceci n’est pas un investissement : il n’y a pas de taux d’intérêt sur le remboursement. Qui plus est, votre argent a une tendance à fondre, car Kiva vous propose de verser un petit pourcentage sur chaque prêt, pour les frais de fonctionnement de l’organisation.

Il y a en plus un petit risque de non-remboursement, le taux de remboursement étant de 98,87 %. En fait, les prêts passent par une agence locale de microcrédit : elle est détaillée dans la fiche de projet de chaque emprunteur.

Bref, il s’agit d’un geste philanthropique, qui donne beaucoup d’utilité à notre argent. Et ne croyez pas que ce système n’intéresse que quelques idéalistes : nous sommes 1.210.249 à être dans Kiva ! Les sommes en jeu atteignent presque 600 millions de dollars, ce qui a permis à l’organisation de faire plus de 700.000 prêts.

Voyons maintenant qui sont les emprunteurs.

Salvarby, Jimy Jesus, Moudi et Sinan ont besoin de votre argent

Quand vous arrivez sur le site de Kiva, vous êtes accueilli par une mosaïque de photos : des gens en attente d’un prêt. Mais ce n’est que le sommet de l’iceberg : ils sont plus de 3.000 personnes (dont les deux tiers sont des femmes) à proposer un projet demandant un prêt de 125 à 10.000 dollars (la moyenne étant de $ 418.32).

Il ne vous reste plus qu’à choisir à qui vous voulez prêter par tranche de $ 25, et le site vous propose de multiples moyens de trouver vos coups de cœur : la liste des projets se trie et se filtre sur de multiples critères, comme le domaine d’activité (agriculture, construction, éducation…), des attributs (Faire Trade, zones de conflit, jeunesse…), le pays, homme ou femme, etc.

Alors, entre Salvarby du Tadjikistan qui a besoin de vêtements d’enfant pour son magasin, Jimy Jesus du Pérou qui doit construire une clôture, Moudi du Zimbabwe qui aimerait acheter des poules, et Sinan du Cambodge qui veut une motocyclette pour faire taxi, les besoins sont multiples et variés.

Et parfois peuvent heurter nos principes.

Des smartphones pour les enfants

Car nos choix sont dictés par nos valeurs, sans doute en décalage avec la réalité du terrain.

Par exemple, je ne prête pas à des agriculteurs empruntant pour des fertilisants et insecticides : c’est à l’encontre d’une certaine agriculture que je défends. Mais est-ce juste ? Ma fois, il faut bien que je trouve des critères de sélection.

Mais que penser de Mohammed du Yemen qui veut acheter deux mobiles Galaxy à ses enfants, ou Tsetsegmaa de Mongolie qui recherche $ 1.100 pour une télévision LCD ? À force de voir des demandes de prêts pour des choses essentielles, on a du mal à accepter de tels projets. Mais il y a matière à débattre : on est bien mal loti pour prétendre qu’un crédit ne pourrait pas servir à de tels achats.

Et puis, l’essentiel n’est-il pas que notre argent serve à améliorer la vie des gens ?

Plus de 3.000 "borrowers" vous attendent
Plus de 3.000 “borrowers” vous attendent

You’ve received a repayment on a loan !

À mon souhait “J’aimerais que mon argent soit utile”, Kiva y répond parfaitement. Il suffit de voir le temps que met un débiteur à nous rembourser pour se rendre compte de la fortune que nous avons. Que Surhrobjon, du Tadjikistan, me rembourse en un mois ce que je dépense pour un café, n’est-ce pas indécent ?

Avec une petite somme, celle de votre prochain moules-frites, vous pouvez enchaîner les prêts et aider des dizaines de personnes dans le monde…

… voire des milliers, comme ZX81, de Bruxelles : inscrit depuis le 22 janvier 2007, il en est à 118.082 prêts ! Qui dit mieux ?

L'organisation Kiva...

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