Archives mensuelles : février 2013

Fier de ma bibliothèque vide

J’ai le cœur gros comme ça, l’estomac noué : une partie de mon histoire s’en va, bye bye ma collection de livres S-F. Les étagères sont vides, la poussière retombe sur les traces de 30 ans de lectures tandis que je ferme la dernière caisse. Une page est tournée…

Et puis quoi, en fait ?

Croyez-le bien : ma collection de livres de Science-Fiction, je la voyais m’accompagner jusqu’au dernier jour de ma vie ! Elle me survivrait et… et puis quoi, en fait ?

Quel est le sens d’amasser, d’accumuler, de collectionner ? CD, DVD ou BD, passe encore : ça s’écoute/se regarde/se relit plusieurs fois, et ça se prête facilement. Mais des romans SF ? Une telle littérature intéresse peu de monde : ces quelques 600 livres n’ont quasiment été touchés que par mes doigts !

Et donc, j’en suis venu à me demander “… et puis quoi, en fait ?”. L’attache sentimentale et la fierté de posséder cette belle collection ne m’empêchaient plus de prendre du recul, et de la voir comme un signe d’un consumérisme qui m’apporte de moins en moins de satisfaction…

Alors, pour répondre à la question “et puis quoi, en fait ?”, il me fallait trouver une réponse qui aie du sens… N’était-il pas temps que ces livres trouvent de nouveaux lecteurs ? Car un livre, c’est fait pour être lu, non pour prendre la poussière.

Ma bibliothèque SF
Oui, je les ai tous lus. Et maintenant ?

Téléportation

N’étant pas dans le besoin, la pire idée aurait été de revendre mes livres : que ce soit en passant par les magasins de deuxième main ou par la vente en ligne, j’aurais vu ma bibliothèque partir en petits morceaux. Une décomposition sans fin, une mort à petit feu qui m’aurait laissé avec une bibliothèque dépareillée.

Un Alzheimer de mon imaginaire, non merci !

Il fallait qu’elle parte en un coup et, si possible, qu’elle se retrouve intégralement autre part (téléportation !).

La donation semblait donc la meilleure solution. Mais qui serait intéresser par une collection appartenant à un genre si spécifique ?

Farenheit 451

Remontons le temps : nous sommes fin décembre 2012, et la fin du monde n’a pas eu lieu, et ma bibliothèque est toujours là. La première piste que j’explore est Oxfam, qui a deux magasins de livres à Bruxelles.

Je vais à celui d’Ixelles : “15.000 titres en rayon” annonce leur dépliant. Et c’est vrai qu’il est bien rempli, ce magasin : comment pourraient-ils reprendre tous mes livres ? J’en parle avec un responsable que j’ai trouvé dans un stock (débordant lui aussi) : oui, ils savent prendre tous mes livres, car ils dispatchent dans différentes centrales. Certains livres iront en rayons, d’autres en brocante, et les invendables… à l’incinération, pour laquelle Oxfam touche des subsides de Bruxelles. Et ils peuvent venir les chercher en camionnette, du moment que je fasse les cartons.

Je ressors du magasin : voilà une première piste intéressante… Mais d’autres associations seraient-elles intéressées ?

Les africains rêvent-ils de moutons électriques ?

Je fais des recherches sur le web mais ne trouve rien de convainquant au niveau de la Belgique. C’est triste à dire, car pour Paris on trouve par exemple cette page, listant les associations à qui vos livres feraient plaisir.

En fait, je trouve surtout des sites invitant à donner ses livres pour l’Afrique. Premier critère pour les romans : pas plus vieux de 10 ans, ce qui disqualifie les trois quarts de ma collection (quoique, les histoires se passant dans le futur !). Mais cela dit, franchement, je ne vois pas les africains se passionner pour cette littérature, que d’aucuns disent typiquement occidentale !

Alors, ais-je déjà fait le tour de la question ?

La bibliothèque est une idée

J’en parle autour de moi, et on me dit d’aller à la bibliothèque du quartier : une évidence qui m’avait échappée ! Ou plutôt que je ne voulais pas voir : je voyais mes livres partir pour une “bonne cause”, pas pour une institution subsidiée ! Et pourtant…

Je me présente donc à celle de Jette, et sort tout mon baratin : « Tous en excellent état, des classiques comme des récents, des cycles complets, etc.  » (je sais vendre ce que je veux donner !) Et là, grosse déception (mais ce n’est que le début de l’histoire) : la bibliothèque manque de place car elle vient de fusionner. Et tous les livres de la “paralittérature” sont partis à… Chaudfontaine, spécialisée dans l’imaginaire, et probablement la seule bibliothèque qui acceptera ma donation !

Je ressors de là, particulièrement refroidi, et pas uniquement à cause de la neige !

Deux semaines de réflexion passent…

Le monde des Non-Ja

… et me décident à contacter toutes les bibliothèques de Bruxelles : plus d’une cinquantaine d’emails partent…

Et dans les minutes qui suivent, je reçois un coup de téléphone d’une responsable enthousiaste (c’est Gisèle, je le précise pour la conclusion), en même temps qu’un email positif d’une autre.

En fait, dans les trois jours, ce sont une douzaine de réponses qui arrivent, à diviser en deux groupes : le premier pour accueillir ma bibliothèque, et le deuxième pour me dire… que je ne trouverai pas de bibliothèque intéressée et que je dois m’adresser à celle de Chaudfontaine !

Et comble, je reçois encore deux réponses de Jette : c’est d’abord non, puis c’est oui ! Mais il est trop tard, je me suis engagé auprès de deux bibliothèques du centre de Bruxelles.

Et je ne serai pas déçu par ce choix…

La bibliothèque qui rétrécit

Je ne m’en étais pas rendu compte, mais parce que justement la SF est une littérature pas très populaire (du moins en pays francophones), les bibliothèques n’y investissent pas beaucoup d’argent, et ne savent pas quoi acheter. Alors quand quelqu’un propose une collection complète, c’est une aubaine pour celles qui ont de la place.

Et ça l’est encore plus pour des bibliothèques manquant de renouvellement, comme ça semble le cas de celle où j’ai déposé mes caisses.

Alors qu’au début je voulais ignorer ces institutions, je suis finalement convaincu que c’est la meilleure place pour donner une seconde vie à ma collection. En fait, c’est Gisèle qui a trouvé les arguments : il n’y a pas meilleure endroit qu’une bibliothèque pour qu’un livre profite à un maximum de gens.

Que dire de plus ? Moi, ça me suffit pour contempler avec fierté ma bibliothèque… vide !

Du haut de mes étagères vides, Mobilou me regarde...
Et maintenant ?…

Vos livres...

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Économie du bonheur

Comment trouver son bonheur ? Suis-je dans le bon pays pour être heureux ? Un petit livre blanc m’apporte quelques réponses…

Pas de sondage après le match

Mobilou a le sourire
Mobilou a le sourire

Lucie Davoine s’est faite une spécialité d’étudier la satisfaction du travail et ce qui fait le bonheur dans notre société. Son petit livre, “Économie du bonheur”, nous dresse un état des lieux de cette discipline récente, qui souffre encore d’une méthodologie floue, car, je vous pose la question : comment mesurer le bonheur ?

Pour l’évaluer, il faut poser les bonnes questions, dans le bon ordre… et au bon moment : ainsi, si votre équipe de foot vient de gagner, on attendra que votre euphorie retombe avant de vous sonder !

Les économistes du bonheur essaient dès lors de travailler sur des sondages aux époques, échantillons et lieux divers, dont le but n’était pas forcément de mesurer le bonheur. L’auteure en donne une liste, voici quelques exemples : le Gallup World Poll (1.000 adultes interrogés dans près de 150 pays), l’Eurobaromètre (sondage tous les 6 mois depuis 1974), le Panel communautaire des ménages (satisfaction des ménages de 1994 à 2001).

La croissance ne fait pas le bonheur

Mais pourquoi mesurer le bonheur ?

Les cercles de décisions s’intéressent de plus en plus à l’économie du bonheur, pour les quatre points suivants (p. 91) :

  1. la croissance n’est pas un motif suffisant au bien-être des gens ;
  2. on en tire un nouvel indicateur de richesse ;
  3. elle peut aider en cas d’arbitrage politique ;
  4. elle encourage une vraie politique pour la santé mentale.

Et oui, il est temps de trouver d’autres indicateurs que le PIB, car une des premières conclusions de ces recherches est que la croissance ne fait pas systématiquement le bonheur : “la croissance économique des dernières décennies a largement profité aux plus riches, et beaucoup moins aux classes moyennes et aux plus pauvres” (p. 37).

De plus l’évolution de notre de mode de vie est fortement critiquable : consumérisme, individualisme, dégradation du lien social, familles brisées et perte de confiance sont les maux de nos sociétés contemporaines. Il est temps de mettre en place une politique du bonheur…

Être une femme de 65 ans et travailler dans l’industrie de sexe : le bonheur total !

Mais qu’est-ce qui nous rend heureux ?

Ah là, le sujet est vaste et complexe, alors je ne vous délivre ici que quelques conclusions, et vous laisse à le lecture du livre pour les explications…

  • L’argent contribue en partie seulement au bonheur.
  • On atteint le plus haut taux de satisfaction… entre 65 et 70 ans !
  • Les femmes se disent plus satisfaites que les hommes dans de nombreux pays.
  • Les chômeurs sont plus malheureux que les travailleurs.
  • Les relations sexuelles contribuent le plus au bonheur.

En attendant l’âge de la sagesse, il existe deux règles pour être heureux (psychologie positive de Martin Seligman) :

  1. Les personnes plus généreuses, plus attentives aux autres sont plus heureuses et rendent les autres plus heureux.” (p. 88)
  2. Il est bon de se comparer, de se fixer des objectif ambitieux, mais ces derniers doivent rester atteignables ! »

Le bonheur est dans le pray

La question qui se pose maintenant est : un gouvernement peut-il prendre des mesures pour rendre les gens plus heureux ? Eh bien oui car “L’économie du bonheur démontre que les comportements individuels ne débouchent pas sur le bien-être collectif optimal.” (p. 102)

Mais n’allez pas croire que cela passe par un renforcement de la sécurité sociale : “Il semble que les gouvernements européens pourraient obtenir un niveau de bien-être plus élevé en dépensant moins pour la protection sociale et plus pour l’éducation.” (p. 81)

Par contre, la liberté et la foi semblent deux valeurs sûres au niveau national : on constate en effet que le haut du classement des pays les plus heureux est occupé par des pays riches et démocratiques… et des pays d’Amérique latine, marqués par une forte croyance religieuse !

Mon oncle de Belgique

Revenons aux chiffres, avec un indicateur déjà répandu, qui donne des indications pour améliorer le niveau de vie : c’est l’IDH (Indice du Développement Humain), mis en place par les Nations Unies. Il se base sur des données clairement quantifiables : l’espérance de vie, le niveau d’éducation, le niveau de vie.

Cet indicateur est donné dans Wikipedia pour chaque pays, pour la Belgique il est de 0,886 (très élevé), ce qui la place en 18ème position. C’est pas mal, mais nous avons vu dans un article précédent que notre pays est en 6ème position mondiale en ce qui concerne l’impact écologique : c’est le prix de notre niveau de vie, donc de notre bonheur !

Même si l’IDH n’est pas vraiment une mesure du bonheur, il colle assez bien au sondage Gallup (le bonheur à travers le monde, pages 24-27), qui place notre pays en 16ème position, avec 56 % de personnes satisfaites ou optimistes.

Alors, à ceux qui disent “quel pays de m…” suivi d’un “dès que je peux je vais aux States”, sachez que vous arriverez dans un pays qui ne se classe que deux places au-dessus ! Et pour qu’ils prennent conscience de leur bonheur, je les enverrais au Togo : dernier de la liste avec… 1 % de personnes satisfaites !

© L'Internaute Magazine / Kevin Ravi
© L’Internaute Magazine / Kevin Ravi

2ème tentative plus concluante

J’avais déjà approché la science du bonheur avec le livre “L’idée même de la richesse », assez ennuyant. Avec “Économie du bonheur” on est plus dans le concret. L’ouvrage est bien structuré, condensé, résumant les études existantes : ce n’est pas forcément la forme documentaire la plus agréable à lire, c’est très clinique, mais bon, les enseignements sont nombreux, cela fait déjà… mon bonheur !

“Économie du bonheur”, Lucie Davoine, 126 pages, éditions La Découverte.

(Faites le petit test du chercheur en psychologie Ed Diener, pour ensuite répondre au sondage ci-dessous)

Faites le test de Ed Diener (5 questions) et donnez votre résultat

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Un sac exquis

La chaîne d’alimentation EXKi était déjà au vert, mais maintenant elle va plus loin, elle repense, elle re-think : c’est ce que j’ai découvert en entrant, le 3 janvier, dans celui de la Place du Luxembourg. La date est importante et explique cette aventure : c’est une semaine creuse et mon snack favori était fermé. Cela pour dire que je n’ai pas d’avis sur EXKi : je n’y vais jamais.

Bref, je suis à la caisse avec un sandwich trop petit à mon goût, quand je vois une affiche « Rethink 2.0 » : EXKi mène en effet une campagne pour réduire son impact écologique (encore lui !), et je n’ai rien à redire, cela me semble une belle initiative.

Hélas mon enthousiasme retombe vite, par un fait qui serait passé inaperçu au commun des mortels. Mais pas à moi : il y a des sujets qui me fâchent, ils sont souvent futiles, je sais, et  je prends sur moi – mais je finis quand-même par me décharger dans ce blog…

Or donc, voici l’objet du délit : ce foutu sac en papier dans lequel le vendeur vient de mettre mon sandwich ! Ah mais je ne vous ai pas dit : le condiment en question est emballé serré dans un cellophane, aussi étanche qu’une tenue spatiale. Il pourrait affronter la pluie, la neige, une tempête de sable ou le vide intersidéral !

Non, je suis de mauvaise foi : le sac, c’est pour protéger la serviette en papier que le vendeur vient d’ajouter. Ça change tout !

Bon, sérieux, les clients de ce snack travaillent dans un rayon de 300 mètres à tout casser, et les vendeurs doivent le savoir : utiliser un sachet en papier pour un cas de figure comme le mien, je ne trouve pas ça rethinké 2.0 !

Non, je suis de mauvaise foi (bis !) : c’est marqué sur le sachet incriminé (je traduis) : “Veuillez réutiliser ce sac”.

Un sac qui a de l'avenir !
Un sac qui a de l’avenir !

Croyez-moi, des sacs, j’en réutilise, on ne me prendra pas en défaut. Mais des sacs en papier, format sandwich (ou sac à vomi comme dans les avions), j’ai du mal à en trouver l’utilisation.

Vous vous imaginez, vous, déplier votre sac en papier tout chiffonné (et le reste…)  à la caisse chez EXKi ? Et attention qu’il faut aller vite, et être proactif : ce sont des professionnels de la mise en sac, le geste est sûr et efficace, et je ne crois pas que le coaching “Rethink” les a formé à poser la question : “Vous avez votre sac en papier ?”.

Et pourtant, cela vaudrait la peine de réutiliser votre sac six fois ! Eh oui, car dans le guide du Rethink 2.0, page 53, on trouve : “EXKi propose des sacs en papier réutilisables (6 passages à la caisse avec le même sac = un café issu du commerce équitable offert)” – comment comptabilisent-ils les 6 utilisations, je me le demande…

Ah, les sacs ! Je pourrais encore vous en rabattre les oreilles pendant des heures, mais je garde le plat de consistance pour un prochain article.

En attendant, je salue la démarche “Rethink” d’EXKi, même si je trouve certaines mesures, comment dire, décalées…

Les sacs donnés dans les commerces...

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